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Comment photographier les papillons

Photographier les papillons impose au photographe de connaître sa constitution, sa manière de vivre, sa nourriture, ses lieux de vie, … Or la plupart des papillons sont extrêmement farouches. Ils disposent d’une bonne et large vue, presque à 360°, c’est pourquoi il est donc difficile de les approcher.

Photographier les papillons

Comment approcher un papillon

Le photographe devra se déplacer lentement vers le papillon. Il aura le corps ramassé sur lui-même dans le but de se faire le plus petit possible, parfois en rampant. Une tenue neutre de type brousse peut également aider à se cacher. Néanmoins, il faut absolument éviter les couleurs qui tranchent avec l’environnement.

  • Point important, ne vous placez pas entre le papillon et le soleil, vous le feriez fuir par l’ombre portée.
  • Lorsque les papillons sont nombreux à se poser sur une fleur, il peut être intéressant de se poster à l’affût.
Papillon tropical à l’Ile aux papillons. - Noirmoutier 2018
Papillon tropical à l’Ile aux papillons. – Noirmoutier 2018

Choisir le bon moment pour photographier les papillons

Les papillons sont des animaux à sang froid. Cela signifie que la température de leur corps dépend directement de la température ambiante. D’ailleurs ils ne peuvent pas décoller si la température est trop basse. Ils passent la plupart du temps au soleil pour absorber un maximum d’énergie.

Au petit matin, ils remontent le long des tiges des plantes et des herbes afin de se réchauffer. Il est alors facile de comprendre que le meilleur moment pour les photographier. Ainsi, le photographe se mettra à l’œuvre dès les premiers rayons du soleil. Cerise sur le gâteau, les lumières sont parfaites pour la photographie, la rosée est encore présente.

En pleine journée, il est quasiment impossible de les photographier correctement. C’est un ballet incessant d’une fleur à l’autre.

Il faudra alors improviser avec la lumière et privilégier les zones d’ombre. La lumière sera alors moins dure mais les sujets seront moins contrastés.

La prise de vue au flash peut donner de bons résultats parce que les noirs seront débouchés. Avec un peu de chance, vous pourrez même figer un décollage.
Il est d’excellente idée que de les rechercher à proximité des plantes hôtes.

Au fur et à mesure que le soleil descend, les papillons vont se poser, sur une fleur, une feuille ou encore, pour certaines espèces au pied des herbes et des plantes. Il ne faut hésiter à s’allonger. Prévoyez les vêtements adéquats.

Profitez des contre-jours sur le soleil couchant avec l’insecte sur sa tige.

Un papillon posé au sol. - Forêt de Marchiennes (Nord), 2019
Un papillon posé au sol. – Forêt de Marchiennes (Nord), 2019

Cadrage

J’ai commencé la macro-photo à l’époque de l’argentique. Je prenais une seule et unique photo de l’insecte avant de poursuivre mon chemin. Le coût élevé de la photographies argentique ne me permettait pas de faire mieux. Plus tard avec le numérique, tout a changé. C’est ainsi que je me suis rendu compte qu’il était plus intéressant de prendre le même sujet sous différents cadrages. Mes meilleures images proviennent des ces séries.

Ainsi, il ne faut pas hésiter à passer du temps, à rechercher différents cadrages sur le même sujet.

Quels sont les meilleures cadrages ?

C’est une histoire de goût et surtout d’intention photographique.

Vous souhaitez «jouer» au naturaliste alors fermez votre ouverture à f/8, f/11 ou f/16. Puis shootez votre sujet sur le côté, par dessus, de face.
Pensez également à prendre en détail la plante sur laquelle il se trouve. L’idée est de pouvoir en déterminer l’espèce avec le plus de précisions possibles.

Plus tard, des images d’ambiance commenceront à apparaître dans votre photothèque comme par exemple un papillon en contre-jour.

Vers le bokeh parfait

Et puis viendra le temps où l’on commence à ouvrir l’ouverture. On commence à rechercher les arrière-plans flous mais esthétique, ce que les spécialistes appellent le bokeh.

Il vous faut donc ouvrir l’ouverture au maximum, l’objectif macro que j’utilise ouvre au maximum à f/3.5.
La profondeur de champ sera alors très courte et la mise au point du sujet devra être parfaite. Vous pouvez également faire en sorte d’avoir un arrière-plan éloigné.

Mais que de photos à la corbeille !

Ile aux papillons, Noirmoutier, 2018
Ile aux papillons, Noirmoutier, 2018

Des images minimalistes – la maîtrise de l’arrière plan.
Les images « macro » se composent d’un sujet et d’un fond flou. Le papillon repose bien souvent sur une fleur ou sur une tige avec un arrière-plan uni et totalement flou.
Le sujet sera photographié de côté, tête et ailes bien parallèles au plan de l’appareil photo de manière que l’animal soit entièrement net. La composition restera classique: les yeux sur l’un des points forts de l’image (règle des tiers), les lignes verticales ou les diagonales des tiges mèneront le regard vers ce point fort.

Les insectes seront shootés à leur hauteur, c’est ce qui explique que nous sommes bien souvent à genoux ou allongés par terre (prévoir des vêtements adaptés, pantalons et maillots à manches longues). Pensez, avant de déclencher, à éliminer les éléments gênants, les brindilles de premier plan et ceux pouvant apparaître sur le bokeh.
Autres cadrages : de face, en contre plongée. L’insecte pris par dessus donne une image généralement écrasée.

Exemple d’une photographie de papillon pour laquelle le profil de l’insecte n’est pas parallèle à celui du capteur. Une partie de l’aile est floutée, un simple basculement vers le bas aurait permis de réussir la photo.
Exemple d’une photographie de papillon pour laquelle le profil de l’insecte n’est pas parallèle à celui du capteur.
Une partie de l’aile est floutée, un simple basculement vers le bas aurait permis de réussir la photo.
Papillon pris de côté - 85 mm macro - ISO500 - f/6.3 - 1/500. - Île aux papillons à Noirmoutier, 2018
Papillon pris de côté –
85 mm macro – ISO500 – f/6.3 – 1/500. – Île aux papillons à Noirmoutier, 2018
Papillon vu par dessus. - 105 mm - ISO400 - f/5.6 - 1/100. - le lac Bleu à Roeux, 2009
Papillon vu par dessus.
– 105 mm – ISO400 – f/5.6 – 1/100. – le lac Bleu à Roeux, 2009

Quelques mots sur le matériel photo

S’il est possible de photographier un insecte avec son téléphone portable ou son appareil compact, ce sera toujours lors de circonstances chanceuses.

Avec un sujet prenant de la place dans l’image, vous serez à quelques centimètres de l’insecte. Si il reste en place soit il est très curieux, soit il est malade.
L’objectif macro autour des 100 mm de focale est sans aucun doute le meilleurs choix.

C’est un objectif spécialisé pour les prises de vues rapprochées. Sachez que plus la focale s’allonge, plus la distance objectif-sujet augmente. Son principal défaut : son prix.
A noter qu’une bague allonge associée à un petit téléobjectif de 200 ou 300 mm peut également réaliser de jolies images de papillons.

Un flash type Cobra équipé d’un réflecteur peut dans bien des cas faciliter les prises de vue mais, pour des raisons artistiques, le photographe privilégiera toujours les lumières naturelles.

Votre serviteur en mode photo-macro. Nord, 2016

Exemple – Papillon tropical photographié de coté

Mon intention photographique

Ce qui m’a interpellé au moment de la prise de vue est la différence de taille entre le corps frêle du papillon et ses immenses ailes. On se demande comment il peut se maintenir dans une telle position en opposition avec les lois de la physique.

Un papillon tropical photographié de côté à l’île aux papillons de Noirmoutier, 2018 NIKON D5300 - ISO 500 - focal 85 mm - f/6.3 - 1/80 s
Un papillon tropical photographié de côté à l’île aux papillons de Noirmoutier, 2018 NIKON D5300 – ISO 500 – focal 85 mm – f/6.3 – 1/80 s

Contexte

L’Île aux papillons – Il n’y a pas de temps de visite et il est possible de faire plusieurs fois le tour de la serre. C’est « cool » car on peut dans un premier temps découvrir les lieux, la lumière ambiante et les espèces de papillons. Le climat tropical qui y règne demeure le seul frein à une visite prolongée. Ici la température est comprise entre 25 et 28 °C avec un taux d’humidité d’environ 80%.
La lumière dépend pour beaucoup de la météo, il y aura des zones ensoleillées, d’autres à l’ombre. Évitez les jours pluvieux qui attirent beaucoup de monde et rendent la photographie difficile.

La serre à papillons renferment de nombreuses espèces et ça vole de partout. La lumière me paraissait sur l’instant ombrageuse, le soleil n’était pas vraiment présent, uniquement quelques rares apparitions. je choisi le mode priorité à l’ouverture à f/8 avec une sensibilité ISO 400, la vitesse semble tourner autour du 1/250 au 1/30 s selon l’emplacement dans la serre. Je corrigerai au fur et à mesure de la balade.

Mais revenons à notre papillon pris de côté. Pour réaliser ce type de photo, la totalité du sujet doit être sur le même plan: l’objectif et le sujet sont parallèles. Je me souviens très bien de cette image, le papillon me dépassait légèrement en hauteur et c’est sur la pointe des pieds que j’ai pris le cliché. Après avoir choisi le cadrage, un micro-positionnement vers la droite m’a valu les foudres du propriétaire de la serre. En effet, ma chaussure droite entamait la plate-bande de quelques centimètres.
La composition tient principalement au choix des couleurs de l’arrière plan. Dans le cas présent, la teinte brune, marron voire orangée des ailes et de l’arrière plan augmente le déséquilibre de l’image et complète ainsi mon choix photographique. La même image avec les ailes sur fond vert aurait enfermé le papillon dans le cadre. J’ai appris un peu plus tard que la couleur marron représente la douceur, le naturel, l’assurance, le rustique, la sérénité, le confort, la solidité, stabilité, calme et chaleur et que la couleur orange représente l’audace, le rayonnement, l’intelligence, le loyal, la chaleur, la confiance et la méfiance à la fois. Tout ceci me conforte dans mes choix de prise de vue.

Les papillons tropicaux sont de grandes tailles par rapport à ceux que l’on peut voir en France. Pour donner une idée, certaines espèces présentent une surface équivalente à une carte à jouer ou à une carte postale lorsque l’insecte déploie ses ailes. C’est là un avantage, nul besoin de pratiquer la proxy photo ou la macro.
La difficulté comme pour tout animal est de s’en approcher suffisamment pour pouvoir le photographier. Dans le cas présent, le papillon se situait entre 60 et 80 cm. L’emploie d’un petit télé est appréciable. Attention toute fois à la distance minimale de mise au point sujet/objectif. Pour des animaux trop petits, il vous faudra alors reculer pour obtenir la mise au point. Un recadrage sera alors nécessaire au post-traitement. Un objectif macro est idéal pour ce genre de travail.

Composition

Composition de la photo papillon de côté
Composition de la photo papillon de côté

Exemple – Papillon tropical vu par dessus

Mon intention photographique

Le prince noir – Bon d’accord, je pousse le bouchon un peu loin d’autant que je n’en connais même pas l’espèce. Pourtant ce sont bien les ailes noires qui ont décidées la prise de vue. Ce papillon semble être un puissant vaisseau de guerre de science fiction, il donne même l’impression d’en cacher un second plus petit au dessus de lui. Cette image appartient tout de même au domaine du descriptif.

Papillon tropical vu de dessus. - Ile aux papillons à Noirmoutier, 2018 NIKON D5300 - ISO 500 - focal 85 mm - f/6.3 - 1/80 s
Papillon tropical vu de dessus. – Ile aux papillons à Noirmoutier, 2018
NIKON D5300 – ISO 500 – focal 85 mm – f/6.3 – 1/80 s

Contexte

Les serres tropicales à papillons sont des lieux exceptionnels pour la photographie d’insectes. La grande taille des papillons tropicaux ne demande pas d’objectif macro, l’objectif standard pouvant être suffisant.

Je me trouvais ce jour là au lieu-dit l’île aux Papillons de Noirmoutier. Cette serre tropicale, même si elle se situe dans une zone industrielle, n’en demeure pas moins intéressante pour s’entraîner à la photo d’insectes. Ces derniers sont nombreux et variés, volent de partout et sont nettement moins farouches que dans la nature. Une vidéo peut également être visionner afin d’en apprendre plus sur le développement des papillons, je vous la conseille.

Ce papillon était posé depuis un bon moment sur le feuillage à hauteur d’homme. En s’approchant tout doucement, la prise de vue fut réalisé le plus simplement du monde. L’unique précaution était de cadrer bien en face des ailes déployées, bien parallèle à l’objectif afin de garantir un maximum de netteté. Le shooting est réalisé en mode priorité à l’ouverture à f/6, autofocus activé et appareil tenu à la main (sans trépied ni flash).

Pour la composition, j’ai souhaité conserver cette idée d’un lourd vaisseau noir planant au dessus du sol – je suis amateur de science fiction et de fantasy. Pour cela j’ai légèrement positionné le papillon vers le bas du cadre afin de donner une légère et lente inflexion du regard vers le haut de l’image. J’ai également fais le choix de ne pas cadrer serré afin de conserver l’illusion d’un planeur au dessus du sol. Les tâches rosées des fleurs à des degrés différents de netteté augmentent encore cette illusion de vol, un peu comme ces longs travellings pris d’hélicoptère ou de drone au dessus des grandes villes.

Les papillons aux ailes déployées font références aux taxidermies de papillons épinglés, vous savez ces décorations murales de papillons montés. Ce genre d’images a un avantage certain pour décrire l’animal, même si les couleurs des ailes sont magnifiques. Du classique quoi !

Composition

Eléments de composition: Symétrie verticale du sujet principal, tâches de couleurs reliées visuellement entre elles
Eléments de composition: Symétrie verticale du sujet principal, tâches de couleurs reliées visuellement entre elles

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Publication initiale: 2017

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