đŸ”” Surfcasting en 1950 : appĂąts et conseils

Cet article du Chasseur Français de 1950 intitulĂ© nous renvoie quelques dĂ©cennies en arriĂšre et nous explique comment nos parents et arriĂšres parents apprĂ©hendaient le surf-casting. Le journaliste Pierre Lartigue dĂ©crit les appĂąts pour le surf-casting utilisĂ©s sur les plages des Landes Ă  l’époque et qui, par ailleurs, sont toujours d’actualitĂ© : les vers marins et les mollusques. Il prodigue Ă©galement des conseils sur les meilleures heures pour pĂȘcher, l’importance de choisir le bon emplacement et des recommandations pour les dĂ©butants.

📰 PĂȘche en mer – Encore le surf-casting

1950

«Je crois utile de donner encore quelques dĂ©tails sur cette pĂȘche, qui est celle que pratiqueront la plupart des dĂ©butants sur les cĂŽtes sableuses.

Revenons sur les appĂąts.

L’arĂ©nicole est un appĂąt universel qui nĂ©cessite des hameçons assez forts. On l’enfilera par la tĂȘte et on le poussera jusqu’au dĂ©but de l’avançon ; il faut bien se garder de le piquer par le cĂŽtĂ© sous peine de le voir se vider.

Quant Ă  la seiche, il faut la dĂ©couper en laniĂšres pour les gros voraces, et notamment le maigre, la verrue 1 et les petits squales. La meilleure partie est constituĂ©e par la tĂȘte, les tentacules et le tube digestif, que l’on arrache d’un coup en vidant la seiche. Ensuite, la seiche est ouverte transversalement et Ă©talĂ©e. On sort soigneusement la peau et dĂ©coupe au couteau, dans le fouillis ainsi obtenu, de fines laniĂšres en forme de triangle allongĂ© de 1cm,5 Ă  la base et long de 8 centimĂštres. Le morceau est enfilĂ© sur l’hameçon et passĂ© deux ou trois fois au travers (voir figure ci-contre). Si l’on recherche de trĂšs gros poissons, on ajoute derriĂšre l’ardillon, qui les retiendra, deux morceaux plus petits. L’hameçon est Ă©videmment plus gros en ce cas. J’ai dĂ©jĂ  dit que les morceaux de seiche peuvent ĂȘtre mis Ă  saler et garder leur efficacitĂ© trois ou quatre jours plus tard.

La palourde (coque) et le lavagnon 2 (donax) peuvent se maintenir vivants dans un sac humide pendant deux ou trois jours. Ils tiennent bien Ă  l’hameçon. Il convient de les accrocher par la partie solide du « manteau Â», en Ă©vitant les parties noires du tube digestif.

Les meilleures heures sont situées entre les premiÚres heures du montant, la marée haute et les deux premiÚres heures du descendant. Il y a évidemment des exceptions, tels les poissons plats (turbot surtout), qui préfÚrent la marée basse.

Sur les cĂŽtes sableuses, on aura toujours intĂ©rĂȘt Ă  s’installer dans les « trous Â», c’est-Ă -dire dans les endroits Ă  pente plus forte entourĂ©s de deux bancs de sable et oĂč le plomb pourra ĂȘtre lancĂ©, dĂšs les premiĂšres heures du montant, Ă  30 ou 40 mĂštres. La ligne une fois lancĂ©e, on piquera verticalement le bambou dans le sable et l’on moulinera jusqu’Ă  ce qu’elle soit bien tendue. Il convient toutefois d’Ă©viter les trous fermĂ©s, c’est-Ă -dire ceux qui comportent au large un banc de sable qui le ferme complĂštement et empĂȘche, mĂȘme Ă  marĂ©e haute, les gros poissons de passer.

Le grelot est un accessoire indispensable si l’on pĂȘche Ă  plus d’une ligne ; on le fixe Ă  la partie haute de la canne au moyen d’une petite tige ; mais il est encore plus indispensable pendant la pĂȘche de nuit.

Outre les heures de la marĂ©e, il y a des Ă©poques plus particuliĂšrement fructueuses ; sur les cĂŽtes de la Manche, cette Ă©poque s’Ă©tend de juin Ă  octobre ; sur les cĂŽtes de l’Atlantique, et notamment dans le Sud-Ouest, on peut capturer l’hiver quelques bars, mais c’est surtout de la fin mai jusqu’au 15 juillet que la pĂȘche au maigre et Ă  la verrue permet de belles captures. Les pĂȘches de 15, 20 ou 30 livres de poissons ne sont point rares Ă  ces Ă©poques. Le poisson arrive gĂ©nĂ©ralement par bancs, et dans une sĂ©ance de pĂȘche de quatre Ă  cinq heures, c’est le plus souvent en une demi-heure que la pĂȘche est rĂ©alisĂ©e. C’est surtout aux marĂ©es de grande amplitude, qui ont lieu deux ou trois jours aprĂšs la nouvelle ou la pleine lune, que se font les bonnes pĂȘches ; il faut que ces marĂ©es coĂŻncident avec une mer un peu agitĂ©e, une eau peu claire ; les mers trop fortes ne valent rien, sauf pour la capture du bar et des petits bars mouchetĂ©s dits picats ; quant aux mers trop belles, tout au plus permettent-elles la capture de quelques poissons plats.

J’oubliais un accessoire indispensable dans la pĂȘche nocturne : c’est la lampe Ă©lectrique, dont le pĂȘcheur n’oubliera pas de se munir pour remplacer ses esches ou dĂ©mĂȘler ses lignes.

Évidemment, je ne conseillerai pas au dĂ©butant de commencer par la pĂȘche de nuit, car les perruques et l’inconfort, mĂȘme pendant la belle saison, le dĂ©goĂ»teraient vite de ce nouveau sport. Qu’il commence donc de faire son apprentissage de jour avec une ligne ou deux au maximum, et qu’il se place Ă  cĂŽtĂ© d’un pĂȘcheur expĂ©rimentĂ© ; il s’apercevra vite des remĂšdes Ă  apporter aux premiĂšres erreurs inĂ©vitables ; il verra qu’il y a intĂ©rĂȘt Ă  munir son bas de ligne d’avançons en nylon assez gros, relativement raides et courts (12 Ă  15cm.), afin d’Ă©viter qu’ils ne se mĂȘlent au bas de ligne. Il se rendra compte qu’il ne faut pas placer son premier avançon trop prĂšs du plomb et le dernier trop prĂšs de l’Ă©merillon. Il se rendra Ă©galement compte qu’il a intĂ©rĂȘt Ă  profiter du moment oĂč se retire la vague pour gagner quelques mĂštres au lancer et Ă  se retirer ensuite le plus tĂŽt possible pour Ă©viter la douche. Il apprendra Ă  sortir proprement un poisson de jolie taille sans s’affoler, la canne haute, et en attendant la vague propice qui le laissera sur le sec. Quelques ratĂ©s lui feront constater qu’il y a intĂ©rĂȘt Ă  tenir ce fil constamment tendu pendant le moulinage.

Le dĂ©butant apprendra aussi Ă  ses dĂ©pens Ă  ne pas toucher avant de les avoir assommĂ©s les quelques poissons dangereux qui peuvent mordre Ă  ses appĂąts, c’est-Ă -dire :

— les petits squales (Ă©missoles, chiens de mer), dont les dents sont aiguĂ«s ;

— le mylobate, cette grosse raie appelĂ©e terre ou pastenague, ou bastampe, munie d’un stylet Ă  venin dont la piqĂ»re douloureuse fera sentir son effet plusieurs heures et mĂȘme un ou deux jours en forçant souvent le pĂȘcheur Ă  s’aliter ;

— la petite vive, ou vive vipĂšre dont la nageoire dorsale, noire, vite hĂ©rissĂ©e de quelques Ă©pines aiguĂ«s, lui injectera un venin brĂ»lant qui cuira pendant 2 ou 3 heures.

On s’explique facilement l’engouement des pĂȘcheurs pour ce sport ; il est rare, en effet, d’ĂȘtre bredouille ; on a assez souvent de belles Ă©motions, dues aux squales qui cassent frĂ©quemment, et, de toute façon, on a passĂ© d’agrĂ©ables moments, Ă©tendu par un beau soleil sur la plage. Un de mes amis a eu une de ces belles Ă©motions causĂ©e par un ange de mer de 30 livres, qu’il a pu vaincre, Ă  Hossegor, aprĂšs trois quarts d’heure d’efforts, l’an dernier.

Cette annĂ©e, sur les cĂŽtes du Sud-Ouest, certains ont rĂ©ussi de belles captures ; il est vrai qu’il fallait rester des nuits entiĂšres et ĂȘtre placĂ© dans de bons trous. Pour le pĂȘcheur moyen, les rĂ©sultats les plus favorables ont eu lieu dĂ©but juin. Les maigres et verrues Ă©taient plutĂŽt petits cette annĂ©e. Les bars mouchetĂ©s, qui Ă©taient trĂšs nombreux sur la cĂŽte cet Ă©tĂ©, m’ont sauvĂ© Ă  plusieurs reprises de la bredouille. Je dois dire que, voyant que la pĂȘche au gros ne donnait pas, j’avais changĂ© mes hameçons et j’avais renoncĂ© Ă  pĂȘcher avec de la seiche, que j’avais remplacĂ©e par des lavagnons. Il convient de signaler que, cette annĂ©e, les lavagnons ont Ă©tĂ© assez durs Ă  faire et que les vers roses (ophĂ©lia), si nombreux l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente, Ă©taient complĂštement absents.

À noter, en juin, la capture de belles dorades de 2 à 3 livres.

Un mot sur la pĂȘche d’hiver. Elle est souvent fructueuse, grĂące Ă  la prĂ©sence des turbots, des bars et des bars mouchetĂ©s. On ne peut guĂšre pĂȘcher que par beau temps et en se contentant de sĂ©ances de deux ou trois heures.»

Infos source

  • Source : Le Chasseur Français N°645 Novembre 1950 Page 664
  • Auteur : LARTIGUE.
  • Titre : PĂȘche en mer – Encore le surf-casting
  • Rubrique : La pĂȘche
Les coques, Les Viviers de la ForĂȘt - La ForĂȘt-Fouesnant, 2008
Les appĂąts pour le surfcasting : les coques

En résumé

Cet article offre un aperçu historique et pratique de la pĂȘche au surf-casting, enrichi de conseils utiles pour les pĂȘcheurs de tous niveaux.
Cet article vous a plu ? N’hĂ©sitez pas Ă  le partager pour informer vos proches.

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Notes :

🔎 Pour enrichir ce texte ancien, j’ai sĂ©lectionnĂ© quelques images d’époque et photos personnelles qui Ă©voquent l’ambiance ou les techniques dĂ©crites.
⚠ Note : certaines techniques dĂ©crites ici peuvent ĂȘtre aujourd’hui interdites ou rĂ©glementĂ©es. VĂ©rifiez toujours les lois en vigueur avant de pratiquer.

  1. Dans le sud-Ouest : une ombrine cĂŽtiĂšre (doris.ffessm.fr) ↩
  2. Dans les landes: une telline, un flion tronqué (www.pecheapied-loisir.fr) ↩

Article mis à jour en 2022, publié initialement en 2008

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