🟱 PĂȘche du rotengle en Ă©tang

Techniques et matĂ©riel pour pĂȘcher le rotengle en Ă©tang. Conseils issus du Chasseur Français de 1951.

📰 Le rotengle

1951

«En certaines rĂ©gions, c’est le gardon commun qui a reçu les appellations fantaisistes de rousse, rosse, roche, roussette ; en d’autres, elles sont communĂ©ment appliquĂ©es au rotengle, cyprin trĂšs voisin du premier, et il en rĂ©sulte une regrettable confusion, car ces deux poissons n’ont pas les mĂȘmes mƓurs et ne se pĂšchent pas tout Ă  fait de la mĂȘme maniĂšre. Afin que les dĂ©butants ne les confondent point, signalons ces diffĂ©rences.

A. Formes générales.

— Gardon commun (Leuciscus rutilus) : corps Ă©levĂ©, comprimĂ© latĂ©ralement. Écailles grandes. MĂąchoire supĂ©rieure dĂ©passant un peu l’infĂ©rieure. Nageoire dorsale plus haute que longue. Corps quatre fois plus long que large.

— Rotengle (Scardinius erythrophtalmus) : corps ovale, trĂšs Ă©levĂ©, plus comprimĂ© que celui du gardon. Corps trois fois plus long que large. Bouche petite, fendue obliquement de bas en haut et dĂ©passant lĂ©gĂšrement la supĂ©rieure.

B. Coloration.

— Gardon : dos brun verdĂątre ; flancs argentĂ©s, ventre blanc assez brillant. Nageoires d’un jaune rougeĂątre. Teinte gĂ©nĂ©rale claire.

— Rotengle : dos vert foncĂ© ; flancs dorĂ©s, souvent un peu bronzĂ©s ; ventre blanc jaunĂątre, parfois rosĂ©. ƒil  grand, franchement rouge. Teinte gĂ©nĂ©rale roussĂątre.

C. Particularités.

— Gardon : taille maximum 0m,35 ; poids maximum 1 kilo. Nageoire dorsale placĂ©e au-dessus de l’emplacement sĂ©parant les ventrales de l’anale. Dents pharyngiennes unisĂ©riĂ©es (5 Ă  gauche, 6 Ă  droite). Poisson de fond apparentĂ© aux fouilleurs, plus vĂ©gĂ©tarien que carnivore.

— Rotengle : taille maximum 0m,50 ; poids maximum 800 grammes (rare). Nageoire dorsale brĂšve, placĂ©e plus en arriĂšre que celle du gardon. Dents pharyngiennes bisĂ©riĂ©es (8 de chaque cĂŽtĂ©). ƒil plus grand et rouge au lieu d’ĂȘtre dorĂ©. Plus carnivore que vĂ©gĂ©tarien.

MƓurs du rotengle.

— Se rencontre dans la plupart des riviĂšres françaises non torrentielles ; moins rĂ©pandu cependant que le gardon. Aime les eaux limpides, fraĂźches, bien garnies de vĂ©gĂ©tation. Habitat ordinaire : riviĂšres de plaine au cours lent et tranquille, canaux et beaucoup d’Ă©tangs. Peut se reproduire dans des eaux plus fraĂźches que celles oĂč frayent la carpe et la tanche ou mĂȘme le gardon (12 Ă  16°), ce qui lui permet de prospĂ©rer dans les Ă©tangs Ă  truites d’Ă©levage auxquelles ses alevins servent de nourriture. Une femelle pond environ 80.000 Ɠufs sur les herbes des bords ; Ă©closion rapide (douze Ă  quinze jours). Le rotengle, comme le gardon, consomme des matiĂšres vĂ©gĂ©tales, mais plus encore des substances carnĂ©es, notamment des larves, crustacĂ©s et insectes. On peut le ranger, Ă  cĂŽtĂ© du chevenne et de la vandoise, parmi les poissons chasseurs.

Les alevins de rotengle sont avidement recherchĂ©s des brochets, perches et truites ; c’est la raison pour laquelle les propriĂ©taires d’Ă©tangs tolĂšrent sa prĂ©sence dans leurs piĂšces d’eau et parfois mĂȘme l’y introduisent afin de limiter la destruction en grand par les voraces des petites carpes et tanches. Mais il faut Ă©viter ce que ce poisson prolifique se multiplie par trop, car, en absorbant tout le plancton, il nuirait au dĂ©veloppement de ces derniĂšres pendant leur premier Ăąge.

PĂȘche du rotengle en Ă©tang.

— A rechercher surtout vers les bords ; la pleine eau Ă©tant trop dangereuse pour sa sĂ©curitĂ©, il la fuit. C’est dans la vĂ©gĂ©tation aquatique des bords que le rotengle Ă©lit plus volontiers domicile, et notamment au milieu des nĂ©nuphars, dont les tiges espacĂ©es lui permettent de circuler et les larges feuilles flottantes de se mettre Ă  l’abri. Cependant, il ne craint guĂšre le soleil et, en Ă©tĂ©, on peut voir souvent des bandes de ces poissons immobiles tout prĂšs de la surface. Habituellement, il se tient entre 0m,50 et 1m,20 de profondeur pour surveiller les alentours. Il a la vue et l’ouĂŻe trĂšs bonnes, et sa mĂ©fiance le met Ă  l’abri des surprises du lanceur d’Ă©pervier.

Dans les Ă©tangs, le pĂȘcheur Ă  la ligne opĂšre presque toujours du bord ; il faut donc une canne longue, lĂ©gĂšre, assez flexible, le plus souvent en roseau ligaturĂ© (longueur 6 mĂštres Ă  6m,50).

Moulinet peu utile. Corps de ligne trĂšs fin, en soie, cordonnet, catgut ou nylon, rĂ©sistance 2 kilogrammes. Bas de ligne de 1m,80 en racine 3 X ou nylon 16/100, pouvant supporter 1 kilogramme environ. Le rotengle se pĂȘche :

a. Aux esches vĂ©gĂ©tales : blĂ©, chĂšnevis, pĂąte molle, mie de pain, noquette minuscule. Employer un petit flotteur Ă  antenne lestĂ© d’un plomb Ă  l’extrĂ©mitĂ© infĂ©rieure pour donner stabilitĂ© et sensibilitĂ© indispensables. Jet par lancer balancĂ© en avant le long des bancs de roseaux et dans les vides entre les nĂ©nuphars. Ne pas mettre plus de 1m,20 de fond, souvent moins. Amorcer avec son mouillĂ©, pain trempĂ©, chĂšnevis pilĂ© et humectĂ©. Poser l’esche lĂ©gĂšrement au milieu du nuage. La plume oscille bientĂŽt et s’enfonce. Ferrer aussitĂŽt, rĂ©sister et enlever d’autoritĂ© pour Ă©viter l’enchevĂȘtrement du fil dans la vĂ©gĂ©tation, d’oĂč perte du poisson.

b. A l’insecte : rechercher les blocages. Escher d’une sauterelle, d’une grosse mouche, d’un tĂ©lĂ©phore, etc. … Faire un jet allongĂ© au centre des blocages, laisser tendre le fil, ferrer doucement et amener. Si un banc de roseaux cache la place, descendre l’insecte par dessus et pĂȘcher Ă  la surprise. On ne voit pas les touches, mais on les sent Ă  la main et on voit se courber l’extrĂ©mitĂ© du scion. Ferrer sans tarder, enlever le poisson avec prĂ©caution, mais rĂ©solument, et le dĂ©poser sur la berge. Il est rare, en Ă©tang, de pouvoir Ă©puiser ses prises ; il faut donc que le fil puisse supporter une traction d’environ 1 kilogramme ; cela est suffisant pour enlever d’autoritĂ© presque tous les rotengles accrochĂ©s, Ă  condition de ne pas y mettre de brutalitĂ©.

Si un filet rempli de ces poissons rutilants flatte l’oeil, par contre on n’aura guĂšre de satisfaction Ă  les consommer. Chair sĂšche, nombreuses arĂȘtes, goĂ»t fade, parfois mĂȘme vaseux ; en somme, plat peu appĂ©tissant dont il vaut mieux faire cadeau Ă  … sa belle-mĂšre.»

Rotengle
Rotengle

Infos source

  • Source : Le Chasseur Français N°651 Mai 1951 Page 276
  • Auteur : R. PORTIER.
  • Titre : En Ă©tang le rotengle
  • Rubrique : La pĂȘche

En résumé

VĂ©ritable survivant des Ă©tangs, le rotengle mĂ©rite notre attention autant que notre respect. S’il ne brille pas dans l’assiette, sa capture reste un dĂ©fi technique passionnant. Une leçon d’adaptation que la pĂȘche nous transmet de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration.

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Notes :

🔎 Pour enrichir ce texte ancien, j’ai sĂ©lectionnĂ© quelques images d’époque et photos personnelles qui Ă©voquent l’ambiance ou les techniques dĂ©crites.
⚠ Note : certaines techniques dĂ©crites ici peuvent ĂȘtre aujourd’hui interdites ou rĂ©glementĂ©es. VĂ©rifiez toujours les lois en vigueur avant de pratiquer.

Article publié initialement en 2012.

4 rĂ©flexions sur « 🟱 PĂȘche du rotengle en Ă©tang »

  1. Bjr,

    Le ver de terre de petite taille ou de fumier de vache convient il aussi bien au gardon qu’au rotengle ?
    Cdlt,
    Jean Luc Castelli

  2. Le ver de terre de petite taille (ou le ver de fumier , ver de terreau ) convient aussi bien au gardon qu’au rotengle.
    Il vaut mieux adapter la taille du ver Ă  la bouche du poisson : un tout petit morceau pour le gardon.

  3. Bjr,

    Y a t’il un systĂšme simple et efficace (support bricolĂ© par exemple), pour aider Ă  fixer proprement ses plombs sans plus se prendre la tĂȘte pendant ‘deux plombes’ en essayant de maintenir le plomb qui glisse sur un doigt etc…? (Il est vrai que j’ai 76 ans et autant ma vue que mon agilitĂ© des doigts sont moins au rendez vous…).
    Amlt et merci
    JL Castelli

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