Nous avions rencontré lors de la fête maritime de Fécamp les membres de l’association Tourville qui nous apprîmes qu’un vaisseau de premier rang nommé Le Jean-Bart est en construction à Gravelines, près de chez nous et cela depuis 2002.
En italique : la copie des textes accompagnant le livret de visite fourni à la caisse.
Un projet à Gravelines
Sous Louis XIV, il existait cinq grands arsenaux : Toulon, Rochefort, Brest, Le havre et Dunkerque. Ils étaient destinés à la construction des navires de guerre du royaume.
Le littoral de Dunkerque faisait preuve d’une attention toute particulière en raison de sa position géographique, près de la Hollande et en face de l’Angleterre.
Les ingénieurs Vauban et De Combes furent alors chargés de développer l’arsenal de Dunkerque, ainsi que des places fortifiées comme Bergues ou Gravelines.
Aujourd’hui, en plus d’être située près de la métropole Lilloise, la ville de Gravelines, avec son arsenal Vauban encore parfaitement conservé, est au cœur du carrefour européen. Cette double légitimité historique et économique est donc venue y défendre l’installation de ce projet.
Le Jean-Bart
Il s’agit ici de la reconstruction d’un authentique navire de guerre du XVII siècle mais celui-ci ne pourra pas naviguer par ses propres moyens. La réglementation a évolué depuis le XVII siècle, et il faudrait aujourd’hui répondre à des normes incompatibles avec l’état d’esprit du projet. Il faudrait alors créer des cloisons étanches ainsi qu’une motorisation pour qu’il puisse naviguer et accueillir un équipage.
Quelques chiffres
- Longueur: 57 m de l’éperon à l’étambot,
- Largeur: 15m,
- Hauteur : 17 m au château arrière,
- Tirant d’eau : 6m,
- Jauge : 1400 tonneaux,
- Nombre de canons : 84,
- Equipage : jusqu’à 700 hommes à bord,
- Arbres : environ 1800m3 de chêne, soit 3600 chênes sur pied.
Historique du navire
- 1692 : défaite de l’Amiral Tourville à Saint-Vaast-la-Hougue en Manche.
- 1982-1985: Christian Cardin y découvre six épaves.
- 1987-1989 : Deux campagnes de sondage lui sont accordées pour déterminer l’intérêt du site.
- 1992 : Ouverture d’un musée d’histoire maritime sur l’île de Tatihou (à Saint-Vaast-la-Hougue) au sujet de ces épaves.
- 1992 : l’association Tourville est créée, avec pour ambition de reconstruire un vaisseau de premier rang de la première marine de Louis XIV.
- 14 décembre 2002: Pose de la quille du Jean-Bart
- 2006: pose de l’étrave et de l’étambot
- 2010: pose de l’arcasse
YouTube – Christian Cardin Association Tourville – Christian Cardin Production : Delta TV
Christian Cardin, président de l’association Tourville basée à Gravelines qui construit un vaisseau du XVIIème siècle « Le Jean Bart ». « Il y a bien des racines qui m’ont avalé progressivement. De plus en plus, cette passion s’est développée. Un peu du rêve au départ. De la plongée, de l’archéologie sous-marine, ces vaisseaux du XVIIème siècle. »
Visite guidée d’un chantier hors normes
La Taverne
Ainsi c’est à la veille de la rentrée scolaire que nous nous y rendîmes. A cette époque de l’année, il n’y a pas foule.
Nous entrons dans la taverne où nous prenons les billets. Commence alors notre visite avec une visite commentée par une charmante hôtesse ainsi qu’une présentation vidéo sur le projet.
La forge
C’est ici que sont réalisés les clous et les chevilles sur-mesure pour la structure du Jean-Bart.
Vous y trouverez plusieurs modèles de clous forgés sur place allant de 15cm à 1m60.
L’Atelier des sculpteurs
Un peu d’histoire
Produire des plans pour le Jean-Bart ne fut pas chose aisée, car le savoir se transmettait oralement, avec un système de compagnonnage.
Pour ce faire, nous avons deux sources.
La première est l’Album de Colbert, un ensemble de cinquante planches de dessins qui nous montrent toutes les étapes de la construction d’un vaisseau de premier rang au XVIIe siècle.
Mais ces planches sont avant tout des dessins d’artistes destinés à l’uniformisation de la marine royale.
La seconde est archéologique : dans les années 1980, Christian Cardin, le président fondateur de l’Association Tourville, a retrouvé à Saint-Vaast-la-Hougue six épaves de la flotte de l’Amiral Tourville, armée par Louis XIV au printemps 1692 afin de rétablir Jacques II sur le trône d’Angleterre.
En juin 1992 est inauguré sur l’île de Tahitou un musée d’histoire maritime qui met en valeur ce gisement archéologique sous-marin unique en Europe.
Une maquette, un canon
Dans l’atelier se trouvent plusieurs maquettes destinées à comprendre la construction du Jean-Bart.
Découvrez le prototype de la charpente du bateau à l’échelle 1/15ème, le modèle de fonderie du canon en bois qui servira pour la réalisation des moules des canons du Jean-Bart, ainsi qu’une maquette de la fonderie de canon.
Mais s’y trouvent aussi des coupes de chênes utilisées à la construction des modèles de figure de proue, et même des découvertes retrouvées dans les arbres par nos charpentiers.
La Saurisserie
Dans un souci de recyclage du bois, l’installation d’un saurisserie était une priorité. Ainsi, si le cœur du bois est utilisé pour le Jean-Bart et les chutes pour les charpentes, les meubles et le bois de chauffage, les copeaux sont utilisés pour fumer le poisson de haute qualité, comme le saumon label rouge d’Ecosse. Vous y trouverez des informations sur le salage et le fumage du poisson.
L’espace muséographique
Dans cet espace, nous nous intéressons aux bateaux anciens de guerre et au différents batailles navales de l’époque. On y trouve également un superbe hommage à notre héro dunkerquois : Jean Bart, le corsaire.
La dalle de traçage
C’est ici que les charpentiers viennent façonner et assembler les futures pièces de charpente du Jean-Bart.
Soyez témoins du chantier en temps réel et découvrez les techniques de construction d’un vaisseau de premier rang.
Avancement de la construction
A ce jour, seule la partie qui sera immergé est visible. C’est à fond de calle que nous pouvons monter à bord. Le travail des charpentiers nous semble irréel tant la tâche à accomplir demeure importante.
Visite à bord
Le tour du vaisseau
Lexique et annexes
- Etrave : Pièce centrale de bois ou de fer où viennent s’assembler les pièces qui forment l’avant, la proue d’un navire
- Etambot : Forte pièce de bois ou de métal qui, élevée à l’extrémité de la quille du bâtiment, termine l’arrière de la carène et sert de support au gouvernail.
- Arcasse : Charpente de l’arrière d’un navire en bois
- Proue : Partie extrême de l’avant d’un vaisseau
- Poupe : Arrière d’un navire.
En résumé
Un excellent après midi plein de surprise comme celle de pouvoir se balader en fond de calle à ciel ouvert et dans ce qui est encore le squelette d’un magnifique vaisseau de guerre du XVIIème siècle. Le personnel est super sympa prêt à répondre à toutes nos questions. A refaire dans quelques temps histoire de voir l’évolution.
Vous pourrez également terminer la visite au bar de la taverne histoire de se rincer le gosier (parole de ch’ti) ou même de vous restaurer (cuisine traditionnelle flamande).
Informations pratiques
- Adresse : Route de Calais, 59820 Gravelines
- Site Internet : espacetourville.com
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Publication initiale: 2022.
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