Histoire des phares maritimes … Les premiers phares remontent Ă l’AntiquitĂ©, oĂč les Grecs, les Romains et les Ăgyptiens allumaient des feux sur des tours ou des collines pour signaler leur prĂ©sence aux navigateurs. Le plus cĂ©lĂšbre Ă©tait le phare d’Alexandrie, considĂ©rĂ© comme l’une des sept merveilles du monde antique. La base devait mesurer environ 70 m de hauteur sur 30 m de cĂŽtĂ©. Il Ă©tait visible Ă plus de 50 km.
Avec le dĂ©veloppement du commerce maritime, les phares se sont multipliĂ©s et amĂ©liorĂ©s au fil des siĂšcles. Ils ont adoptĂ© des sources de lumiĂšre plus puissantes, comme l’huile, le gaz ou l’Ă©lectricitĂ©, et des systĂšmes optiques plus performants, comme les lentilles ou les miroirs. Ils ont aussi adoptĂ© des codes de couleurs et de rythmes pour se distinguer les uns des autres.
Aujourd’hui, les phares sont encore utilisĂ©s pour la navigation maritime, mais ils sont de plus en plus automatisĂ©s et contrĂŽlĂ©s Ă distance. Certains sont mĂȘme devenus des monuments historiques ou des attractions touristiques. Les phares sont toujours des tĂ©moins de la beautĂ© et de la diversitĂ© du monde marin.
Petite histoire des phares français
L’histoire des phares de France remonte Ă l’AntiquitĂ©, quand les Romains allumaient des feux sur des tours en pierre pour signaler leur prĂ©sence aux marins. Au Moyen Ăge (476 – 1492), les phares Ă©taient souvent entretenus par des moines ou des seigneurs locaux, qui percevaient des droits de passage des navires.
Mais c’est sous l’Ancien RĂ©gime (1589 – 1791) que les phares se modernisent avec la construction du phare de Cordouan, mis en service en 1611 Ă l’embouchure de la Gironde. C’est le premier phare français Ă utiliser des lampes Ă huile et Ă avoir une architecture monumentale. Les phares se modernisent avec l’introduction de lanternes vitrĂ©es, de rĂ©flecteurs mĂ©talliques et de systĂšmes de rotation pour produire des signaux lumineux variĂ©s.
Au XVIIIe siĂšcle, sous l’impulsion de Louis XIV et de son ministre Colbert, la France se dote d’un corps d’ingĂ©nieurs spĂ©cialisĂ©s dans la construction et l’amĂ©lioration des phares.
Avant la Restauration (1814-1815), la France ne disposait que dâune quinzaine de phares. Au fil du temps, les phares bĂ©nĂ©ficiĂšrent des progrĂšs techniques comme le gaz, l’Ă©lectricitĂ©, le pĂ©trole ou le bĂ©ton armĂ©, qui permettent d’augmenter leur portĂ©e, leur puissance et leur rĂ©sistance aux intempĂ©ries.
Au XIXe siĂšcle, une commission des phares est crĂ©Ă©e pour Ă©tablir un plan national d’Ă©quipement pour Ă©clairer les cĂŽtes de France
. Nous sommes en 1825.
Ce projet prĂ©voyait la construction dâune cinquantaine de phares afin de sĂ©curiser les abords des rivages. Chaque phare devait rĂ©pondre Ă un cahier des charges prĂ©cis et notamment disposer dâune grande portĂ©e et de proposer un code lumineux diffĂ©rent bien distinct.
C’est Ă©galement Ă cette Ă©poque que les feux bĂ©nĂ©ficiĂšrent des innovations technologiques du savant Augustin Fresnel qui met au point les appareils lenticulaires permettant d’accroĂźtre la portĂ©e des feux.
Au XXe siÚcle, les phares sont automatisés et reliés à des centres de contrÎle à distance, ce qui réduit le nombre de gardiens nécessaires à leur fonctionnement.
Service des Phares et Balises
CrĂ©Ă© en 1806 en France, le service des phares et balises est chargĂ© d’entretenir les dispositifs d’aide Ă la navigation mis en place le long des cĂŽtes de France et d’Outre-mer pour signaler les dangers (Ă©cueils, hauts fonds) et baliser les routes maritimes et les chenaux d’accĂšs aux ports.
Ce service relĂšve aujourdâhui de la direction interrĂ©gionale de la Mer. (Wikipedia)
LâĂ©toile Ă cinq branches est en effet lâemblĂšme du service des Phares et Balises. Les Ă©toiles dans le ciel ayant toujours servi de repĂšres pour les voyageurs terrestres comme pour les marins.
Si les cinq branches reprĂ©sentent ici officiellement les cinq continents: lâAmĂ©rique, lâAfrique, lâAsie, lâEurope et lâOcĂ©anie, elles forment Ă©galement un trĂšs ancien symbole Ă©sotĂ©rique.
AppelĂ© pentagramme, celui-ci figure, entre autres, la reprĂ©sentation symbolique de lâUnivers et de ses quatre Ă©lĂ©ments (air, eau, feu, terre) et du cinquiĂšme Ă©lĂ©ment, lâesprit. Un symbole qui semble ainsi Ă©galement adaptĂ© pour les marins.
Annexes – A propos des phares maritimes
Augustin Jean Fresnel
Augustin Jean Fresnel (10 mai 1788 Ă Broglie – 14 juillet1827 Ă Ville-dâAvray), physicien français.
Fondateur de lâoptique moderne, il proposa une explication de tous les phĂ©nomĂšnes optiques dans le cadre de la thĂ©orie ondulatoire de la lumiĂšre.Biographie : Fils dâarchitecte, Augustin Fresnel naĂźt Ă Broglie, dans lâEure.
Il entre Ă lâĂcole centrale de Caen Ă lâĂąge de 13 ans puis Ă lâĂcole polytechnique Ă 16 ans et demi.
En 1809, il devient membre de lâĂcole nationale des ponts et chaussĂ©es au service des phares.
Il est membre de lâAcadĂ©mie des sciences en 1823 ainsi que de la Royal Society, qui lui dĂ©cerne la MĂ©daille Rumford en 1824.
Augustin Fresnel dĂ©bute sa carriĂšre en rĂ©alisant de nombreuses expĂ©riences sur les interfĂ©rences lumineuses, pour lesquelles il forge la notion de longueur dâonde.
Il calcule les intĂ©grales dites de Fresnel. Il prouve le premier que deux faisceaux de lumiĂšre polarisĂ©s dans des plans diffĂ©rents nâont aucun effet dâinterfĂ©rence.De cette expĂ©rience, il dĂ©duit que le mouvement ondulatoire de la lumiĂšre polarisĂ©e est transversal et non longitudinal (comme celui du son) ainsi que lâon croyait avant lui.
Il est le premier Ă produire une lumiĂšre polarisĂ©e circulaire. Ses formules, dites de Fresnel, sur la rĂ©fraction sont toujours utilisĂ©es. Dans le domaine de lâoptique appliquĂ©e, Fresnel invente la lentille Ă Ă©chelon utilisĂ©e pour accroĂźtre le pouvoir de lâĂ©clairage des phares. Il meurt de la tuberculose en 1827 Ă Ville-dâAvray, prĂšs de Paris.
La rude histoire des phares
La chronique ci-dessous, parue dans Le Chasseur Français de Juin 1952, retrace la rude histoire des phares.
«Le long des cÎtes de la France, 645 feux, répartis en phares, balises et bouées lumineuses, assument la sécurité de milliers de navires voguant annuellement vers le continent.
Certains sont trĂšs anciens. Le doyen est celui de Cordouan, proche de lâembouchure de la Gironde, construit en 1610â; il est suivi de ceux des Baleines de Chassiron, dans la Charente-Maritime, datant de 1679â; de celui dâOuessant, le Stiff, de 1695, dans le FinistĂšre, et du cap Frehel dans les CĂŽtes-du-Nord, remontant Ă 1695.
Mais les plus puissants sont aussi les plus rĂ©cents ou, au moins, les derniers modernisĂ©s quant Ă leurs systĂšmes optiques. Le plus lumineux portant ses Ă©clairs au plus loin Ă travers brumes et brouillards atteint 500 millions de bougies, Ă Creach (FinistĂšre). Puis viennent ceux de Cap-Gris-Nez (Pas-de-Calais), de la Coubre (Charente-Maritime) et du Planier (Bouches-du-RhĂŽne) avec 100 millionsâ; ceux dâAntifer (Seine-InfĂ©rieure), Gatteville (Manche), Belle-Ăle (Morbihan), Ăźle dâYeu (VendĂ©e), approchant ou atteignant les 20 millions de bougies.
La bougie est une ancienne unitĂ© de mesure de lâintensitĂ© lumineuse. Ainsi 1 bougie = 1,018 cd (candela).
Aujourdâhui, la source lumineuse est presque toujours Ă©lectrique, puisque 345 foyers lâutilisent, dont 342 Ă incandescence et seulement 3 encore Ă arc.
175 restent au gaz, 80 au pĂ©trole vaporisĂ© et 45 au pĂ©trole courant.Cette situation est rĂ©cente, car lâentre-deux-guerres connaissait surtout lâusage de la lampe Ă arc, dont la trĂšs grande qualitĂ© rĂ©sidait dans une parfaite brillance dâun point lumineux trĂšs petit. On a dĂ» cependant lâabandonner en raison de la trop grande chaleur dĂ©gagĂ©e et la nĂ©cessitĂ© impĂ©rieuse de rĂ©glages constants et de remplacement des charbons.
Cette supĂ©rioritĂ© de lâĂ©lectricitĂ© sur tous les autres modes dâĂ©clairage rĂ©side en ce que, dâune part, la source lumineuse a un foyer extrĂȘmement petit et donc trĂšs concentrĂ©. Il en rĂ©sulte une grande diminution des frais dâamĂ©nagement, car, pour les plus puissantes lampes, la distance focale arrive Ă descendre Ă 50 centimĂštres au lieu de 1,50 m. Le diamĂštre des tours en est donc rĂ©duit en proportion.
Cependant, le pĂ©trole reste indispensable pour les lampes de secours et Ă©galement quand il sâagit de feux isolĂ©s en mer. Les mĂšches multiples et concentriques ont toutefois fait leur temps, et lâon prĂ©fĂšre de beaucoup la gazĂ©ification du pĂ©trole avec envoi de son mĂ©lange Ă de lâair sous forte pression pour rendre incandescent un manchon incombustible.
La grande question des phares reste leur allumage et leur extinction, car on ne saurait concevoir leur permanence durant le jour, sauf en des cas spĂ©ciaux et rares. Rien de bien difficile Ă rĂ©aliser quand il sâagit de feux avec Ă©quipes de gardiens. Mais il y a des phares sans veilleurs et, pour eux, on a prĂ©vu des « valves » solaires ou photoĂ©lectriques. MalgrĂ© les progrĂšs de la technique, elles ne sont, cependant, ni les unes ni les autres, sans risques de dĂ©faillance.
Il en est de mĂȘme, du reste, dans les « feux » avec gardes, qui peuvent tomber en panne. Normalement, il existe pour les phares Ă©lectriques une batterie de secours Ă branchement automatique. Mais la capacitĂ© rĂ©duite des accumulateurs ne leur permet de couvrir que le temps nĂ©cessaire Ă la mise en route des autres dispositifs de sĂ©curitĂ©, gĂ©nĂ©ralement Ă pĂ©trole.
La vie des gardiens de phare est extrĂȘmement rude et, pĂ©riodiquement, la grande presse rapporte lâhĂ©roĂŻsme de quelques-uns dâentre eux, tombĂ©s malades et isolĂ©s par la tempĂȘte, nâen ayant pas moins continuĂ© Ă faire leur devoir. Aux Ă©poques des grandes marĂ©es, il est frĂ©quent que ces hommes restent durant des semaines sans relation avec la terre ferme. Cette rudesse de labeur a fait donner des noms fort imagĂ©s aux phares dans lâargot de la profession. On y distingue les enfer, purgatoire et paradis, selon leurs dangers ou inconvĂ©nients. Si la profession est relativement bien rĂ©tribuĂ©e, il faut savoir cependant que le recrutement en est strict, car un gardien de phare doit savoir un peu tout faire â depuis la cuisine jusquâaux rĂ©parations de radars â pour se tirer de toutes les embĂ»ches du mĂ©tier. Sans parler de lâabsence de confort des installations de repos.
Toutefois, si les jeunes gardiens sont affectĂ©s surtout aux phares les plus pĂ©nibles, ceux de Bretagne, il est certain que, pour la majoritĂ© des feux, construite sur la terre ferme, lâactivitĂ© pourrait se comparer Ă celle dâun garde-barriĂšre, mais avec travail exclusif de nuit.
La technique moderne sâefforce, chaque jour, de diminuer la peine de ces obscurs et silencieux hommes de devoir en concevant des dispositifs aussi automatiques que possible et en perfectionnant des Ă©quipements de tĂ©lĂ©commande. Le problĂšme le plus ardu rĂ©side dans la mise en route immĂ©diate de dispositifs de secours en cas dâavaries. Câest de la sorte quâĂ Nividic, dans lâĂźle dâOuessant, une installation secondaire double, en quelque sorte, le phare gĂ©ant de Creach, avec commande par cĂąbles depuis la cĂŽte.
Mais les phares ne sont pas les seuls dispositifs assurant la sĂ©curitĂ©. Il y a les « bouĂ©es et balises », dont les tĂȘtes colorĂ©es et aux formes diverses assurent lâorientation des navigateurs. Il y en a de trĂšs diverses formes et concepts, certaines avec des cloches, sirĂšnes ou mĂȘme feux. Ces engins flottants sâopposent aux « amers » constituĂ©s par des points de repĂšre Ă terre, comme les maisons isolĂ©es, les clochers, etc.
Les Ă©quipements les plus perfectionnĂ©s font appel, bien entendu, Ă la radio, et la France et son Union en comportent dĂ©jĂ 34, dont 28 dans la mĂ©tropole. Une dizaine dâautres sont en construction, en particulier au Maroc, en Tunisie, en AlgĂ©rie. Ce sont fort simplement des Ă©metteurs de radio que le navire repĂšre grĂące Ă un cadre rĂ©cepteur de dĂ©tection orientĂ©e. Tout une rĂ©glementation a Ă©tĂ© Ă©tablie sur ces nouveaux dispositifs qui, en France, fonctionnent deux minutes consĂ©cutives suivies de quatre de silence.
Ces radiophares servent surtout non pas pour la marine, mais pour lâaviation transocĂ©aniqueâ; aussi arrivent-ils Ă des portĂ©es de lâordre de 350 kilomĂštres et plus.
Le prochain progrĂšs sera lâutilisation du radar, mais, pour le prĂ©sent, seuls les grands paquebots possĂšdent les Ă©quipements voulus, car ils sont Ă la fois onĂ©reux, dĂ©licats et encombrants.
Ă lâheure actuelle, on sâen tient encore aux phares classiques Ă Ă©quipement optique. Toutefois, les nĂ©cessitĂ©s de la reconstruction, aprĂšs les destructions de la guerre, ont permis dâharmoniser le style de ces longs cylindres verticaux avec le site, et il faut tout particuliĂšrement signaler le phare du cap Frehel, rebĂąti en style fortifiĂ©â; celui de la Garouppe, au cap dâAntibes, et, enfin, lâarchitecture magnifique du phare du Planier, au large de Marseille, dĂ» au prestigieux talent de lâarchitecte AndrĂ© Arbus.
Ces phares servent de repÚre à la fois la nuit et le jour. Pour le jour, il existe des codes mentionnant leurs formes, hauteurs, dimensions et couleurs. Ciment blanc, briques rouges ou goudron noir servent à réaliser la visibilité par contraste sur le fond du pays, sans recourir à des peintures trÚs onéreuses et facilement attaquées par les embruns marins.
Pendant la nuit, lâindicatif de reconnaissance dâun phare est fourni avec une rigoureuse prĂ©cision par sa couleur, son Ă©clat et les occultations de son feu en rotation. Certains sont encore fixes et orientĂ©s selon un seul secteur.
La construction actuelle des phares tient compte de la navigation aérienne, aussi comptent-ils en leur optique des panneaux de prismes relevant vers le ciel une partie du faisceau normalement réservé aux seuls navires.»
Alex ANDRIEU. Le Chasseur Français N°664 Juin 1952 Page 379
En résumé
Les phares maritimes de France sont des monuments historiques et culturels qui tĂ©moignent de l’importance de la navigation et du commerce maritime dans l’histoire du pays. Il existe plus de 150 phares en France, dont certains datent du Moyen Ăge ou de la Renaissance. Ils sont souvent construits sur des sites remarquables, comme des falaises, des caps, des estuaires ou des Ăźlots. Certains phares sont cĂ©lĂšbres pour leur architecture, leur histoire ou leur beautĂ©, comme le phare du Cordouan, le plus ancien de France, le phare d’Ar-Men, le plus isolĂ©, ou le phare de la Jument, le plus dangereux.
Cet article vous a pluâ? NâhĂ©sitez pas Ă le partager pour informer vos proches.
Vous aimerez Ă©galement
- Les phares, patrimoine des cĂŽtes de France (fichier pdf – mer.gouv.fr)
- DĂ©couvrir l’histoire de la signalisation maritime (heritage.ecoledesponts.fr)
- Les phares et feux maritimes
Article mis à jour le 25/02/2024, publié initialement en 2018.