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Le silure glane, le géant des eaux douces

Le silure glane (Silurus glanis) est le plus gros poisson carnassier d’eau douce d’Europe. Des pêcheurs s’inquiètent pour l’équilibre écologique des rivières tandis que d’autres savourent par avance leurs futurs trophées records.

L’origine du silure glane en France

Le silure glane est originaire du Danube en Europe Centrale jusqu’à l’Oural. On dit qu’il était déjà signalé dans le bassin du Rhin au milieu du XIXe siècle mais peut-on le considérer comme une espèce autochtone?

Des recherches récentes ont montré que le silure a été introduit au milieu du XIXe siècle dans le bassin du Doubs par Benhot en 1857, à partir de sujets élevés à la pisciculture de Huningue dans le Haut-Rhin. L’espèce ne s’acclimate pas et disparait des cours d’eau.
Une deuxième tentative est réalisée dans les années soixante à partir d’une trentaine de poissons provenant du Danube : l’expérience est une réussite et l’espèce fait souche.

Ensuite, le silure glane est introduit un peu partout en particulier par les fédérations de pêche, à partir de 1960 pour les étangs et 1968 pour les cours d’eau. Toutes ces introductions volontaires sont à l’origine de son extension récente. Ainsi, entre les années 1990 et 2004, l’espèce s’introduit par l’utilisation des différents canaux reliant les bassins de la Loire, de la Garonne et de la Seine (Pascal et al., 2006). De nos jours, le silure glane est le plus grand des carnassiers d’eau douce en France.

Les caractéristiques du silure glane

Silurus glanis (Linné, 1758)
Famille des Siluridés

Un poisson à sale gueule

Le corps du silure glane est allongé, aplati latéralement dans sa partie postérieure. La peau est visqueuse, dépourvue d’écailles, généralement d’une teinte brun marbré avec des tâches gris vert sur le dos et les flancs. Le ventre est souvent plus clair.

Il n’existe qu’une seule nageoire dorsale courte sans épine.
La nageoire anale qui s’étend sur plus de la moitié de son corps est à peine séparée de la caudale.

La tête plate, forte et large présente une bouche largement ouverte avec 3 paires de barbillons aux coins de la bouche, dont une très longue. Les yeux sont petits.

Sa taille peut atteindre 1 à 2 mètres (actuellement 2,20 m en France), parfois plus, pour un poids de plus de 120 kg.

Silure glane
Silure glane

Son habitat

Le silure glane occupe les eaux calmes, troubles et profondes des cours d’eau. Le silure vit seul durant une grande partie de l’année mais se regroupe lors de la période de reproduction. Il déteste la lumière aussi est-il généralement actif la nuit ou par faible luminosité. En hiver, les silures de rassemblent en semi léthargie dans les zones profondes.

Le plus gros poisson de nos rivières! ( Silure Glane)

Le plus gros poisson de nos rivières! (Silure Glane) / FabWildPix

Son alimentation

C’est un poisson carnassier opportuniste qui se nourrit de poissons, d’écrevisses, de mollusques, d’insectes et plus rarement d’oiseaux aquatiques, de grenouilles ou encore de petits mammifères comme les rongeurs.

La reproduction

Cette espèce fraie lorsque la température de l’eau est supérieure à 20°C (de mai à juillet selon les régions). Les œufs sont déposés au sein d’un nid aménagé par le mâle et sont au nombre de 20 000 à 30 000 par kg de femelle. Le nid est protégé pendant toute la période d’incubation par le mâle, qui abandonne sa protection lorsque les alevins nagent depuis environ 48 heures.

La croissance du silure est très rapide, de l’ordre de 2 à 3 kg par an dans les premières années de sa vie. La maturité sexuelle est atteinte vers 3-5 ans (50/60 cm pour 2 kg minimum).

Le silure est-il considéré comme nuisible ?

Un régulateur des populations de poissons

La réputation du silure est celle d’une espèce prédatrice vorace, dévorant tout sur son passage. Cette perception est en réalité fausse.
Le silure glane est considéré à ce titre comme une espèce acclimatée en France (J.O. du 27/12/1985) même s’il est convenu qu’il est un poisson susceptible de provoquer des déséquilibres biologiques.

Il joue un rôle écologique dans les écosystèmes aquatiques en tant que prédateur qui se situe en haut de l’échelle alimentaire, contribuant à réguler les populations de poissons et autres organismes aquatiques. L’espèce est maintenant présente dans la plupart des cours d’eau français.

En 2006, une étude intitulée « le silure glane en France, évolution de son aire de répartition et prédiction de son extension » a été réalisée par le conseil supérieur de la pêche, l’institut de recherche pour le développement et l’institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (IRSTEA). Cette étude n’a pas conduit à préconiser le classement du silure comme espèce susceptible de provoquer des désordres biologiques, mais a conseillé « l’adaptation des plans de gestion piscicole, dès que le silure était présent dans un secteur ou que son arrivée était annoncée ». 

Senat.fr

Une espèce invasive qui menace les poissons migrateurs

Son caractère vorace peut le rendre nuisible pour d’autres espèces, notamment pour les poissons migrateurs anadromes (grande alose, saumon atlantique) dont il se peut se nourrir au printemps.

Les études publiées sur ce sujet divergent quelques peu. Ainsi une étude de 2017, Les Chevaliers de la Gaule, fait ressortir clairement que la plupart des espèces anadromes peuvent en effet apparaître dans le régime alimentaire du silure sans pour autant qu’il soit le seul et unique réducteur, les menaces pesant sur ces espèces étant multiples (surpêche, obstacles à la migration, pollutions, réchauffement climatique, etc.).

Un article du National Geographic de de janvier 2021, plus récent que le précédent, écrit par Stefan Lovgren, présente le silure comme une espèce invasive qui menace des populations de poissons déjà en déclin.

« Je m’inquiète pour ces espèces migratrices dont les populations avaient déjà décliné avant l’introduction du silure glane .»

– Frédéric Santoul, enseignant-chercheur à l’université Toulouse.

Alors qu’il semble difficile de statuer sur le caractère nuisible ou non du silure, de nombreux pêcheurs continuent à voir d’un mauvais œil l’impact de cette espèce sur l’environnement, alors que d’autres le voient comme un merveilleux trophée sportif.

Le silure entre mythes et légendes urbaines

Dans le domaine des légendes urbaines, on peut y trouver quelques pépites: il aurait attaqué des baigneurs, mangé des chiens, des enfants et même des veaux entiers. Un article du journal Sud-Ouest (mai 2004) décrit un silure de quatre mètres qui aurait été aperçu par un pêcheur à l’aide d’un échosondeur.

Le silure, quoiqu’on en dise, n’a jamais atteint 5 mètres de long.  Selon Frédéric Santoul, chercheur, « l’individu le plus gros recensé fait un peu plus de 2m70 pour 130 kilos. On n’a jamais capturé de silure mesurant entre 3 et 5m ».

https://france3-regions.francetvinfo.fr/ –  Michel Pech, 2017

Les rumeurs vont bon train. Il est important de démêler les mythes et légendes qui entourent cette espèce pour mieux comprendre son rôle dans les écosystèmes aquatiques.

Article de presse du 11/08/2023 Ouest-France : Après 45 minutes de combat, il remonte de la Loire un silure géant de 2,77 m
Article de presse du 11/08/2023 Ouest-France : Après 45 minutes de combat, il remonte de la Loire un silure géant de 2,77 m

La pêche du silure glane

« Il est gros, il est laid, il a colonisé les cinq grands fleuves de France au cours de ces vingt-cinq
dernières années, et fait fantasmer les pêcheurs de carnassiers »

Le Figaro, 25 octobre 2005.

Elle attire de plus en plus de pratiquants tout en restant une affaire de spécialistes, tant les techniques et le matériel utilisés sont spécifiques.

Les cannes sont puissantes et équipées de gros moulinets à tambour fixe avec du nylon 50/100 à 60/100 ou de tresses. Le silure est généralement pêché d’une barque avec un vif de belle taille, au paquet de vers, à la grande cuiller ondulante ou aux leurres souples géants.
Le silure se tient dans des zones profondes et calmes en automne et en hiver et sur des zones plus courantes avec des herbiers le reste de l’année. Le combat est généralement très long (1 heure ou plus).

Peut-on manger du silure ?

Le vrai danger que peut représenter le silure pour l’homme est qu’il peut accumuler du mercure et d’autres polluants qui le rendrait impropre à la consommation. Certains chefs s’intéressent aujourd’hui au potentiel culinaire de ce poisson.

Dordogne : le chef Vincent Arnould cuisine le silure

À Trémolat, le chef du restaurant Le Vieux Logis, cuisine le silure. Il nous explique sa façon de faire (© Vidéo Stéphane Klein/ Emilie Delpeyrat) / Sud Ouest

En résumé

Le silure glane est un carnivore qui se nourrit principalement de poissons, vers, lamproies et écrevisses. Bien qu’il ait quasiment disparu des rivières françaises à un moment donné, il a depuis été réintroduit et est notamment élevé pour la pêche. Pourtant, son caractère vorace peut le rendre nuisible pour les autres espèces.

Références

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Publication initiale en 2012 – Dernière mise à jour en février 2024.

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