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Le black-bass (Micropterus salmoides) made in America

Les origines du black-bass en France remontent à la fin du XIXe siècle, lorsque cette espèce, originaire d’Amérique du Nord, a été introduite en Europe pour la première fois. Le black-bass, connu scientifiquement sous le nom de Micropterus salmoides, a été importé en France pour enrichir la biodiversité aquatique et offrir de nouvelles possibilités aux pêcheurs sportifs.

Description de l’achigan à grande bouche

Micropterus salmoides (Lacépède, 1802)
Famille des Centrarchidés
Autres noms : blackbass, Achigan à grande bouche (au Canada), Perche d’Amérique, Perche noire (en Europe francophone)
Anglais : Small mouth bass / Black-bass ou Large mouth bass

Le black-bass à grande bouche présente une silhouette allongée et robuste. Sa nageoire dorsale est quasiment divisée en deux sections distinctes. Les nageoires pelviennes sont positionnées juste en dessous des nageoires pectorales. La bouche est large, avec une mâchoire supérieure qui s’étend au-delà du bord postérieur de l’œil. L’opercule est couvert d’écailles et son bord libre se termine en une pointe souple. La couleur dominante du corps est un vert bronze, tandis que le ventre est d’un blanc pur.

Le black-bass a généralement une espérance de vie de 7 à 9 ans, ce qui, dans des conditions idéales, lui permet d’atteindre un poids allant de 2 à 4 kilogrammes. En termes de taille, il peut mesurer entre 30 et 80 centimètres.

Blackbass
Achigan à grande bouche

Mode de vie

Ce poisson carnassier apprécie les zones plantées aquatiques et tend à rester proche de la surface. Il a une préférence pour les eaux calmes et tempérées avec un faible courant. À l’état juvénile, il vit en groupe, mais devient solitaire une fois adulte.

Reproduction

La reproduction se déroule au printemps, quand la température de l’eau se situe aux alentours de 15 à 18°C. Entre mai et juillet, la femelle pond entre 4000 et 6000 œufs par kilogramme de son poids dans un nid préparé par le mâle. Le mâle féconde ces œufs et en assure l’incubation, puis trois semaines plus tard, il protège les jeunes alevins. La vitesse de croissance varie selon les conditions de température et peut être significative dès la première année (Allardi, 1973).

Cycle biologique du blackbass (www.blackbassfrance.org)
Cycle biologique du blackbass (www.blackbassfrance.org)

Alimentation

Le régime alimentaire, après un stade zooplanctonophage 1 devient strictement carnassier; il se nourrit de vers, de larves d’insectes, de crustacés et de poissons.
Il s’alimente surtout en surface ou à faible profondeur et chasse à l’affût.


Origine du Black-bass à grande bouche

L’aire de répartition originale de l’Achigan à grande bouche, également connu sous le nom de Black-bass à grande bouche, est limitée à l’est de l’Amérique du Nord. Depuis la fin du 19ème siècle, il a été largement introduit sur d’autres parties du continent américain et dans d’autres régions du monde.

Introduit en Grande-Bretagne en 1878-1879 (Anonyme, 1898) 2 , puis en 1883 aux Pays-Bas et en Allemagne (Keith, 1998) 3, c’est en 1890 que la reproduction de l’Achigan à grande bouche est obtenue pour la première fois en France, dans un étang de la région de Versailles (Bertrand, 1890) 4. Il fut alors introduit dans les étangs de Sologne (Wurtz- Arlet,1952) 5.
C’est à partir de 1948 que nombreux pisciculteurs l’élevèrent pour le fournir aux associations de pêche (Rivaillon, 1948) 6 qui réalisèrent alors de nombreux déversements. Ces derniers sont à l’origine de la rapide extension de l’espèce à l’échelle de l’ensemble du territoire européen de la France, Corse exceptée (Carrel & Schlumberger, 2001) 7.

 Keith P. & Dorson M., 2003. L’Achigan à grande bouche : Micropterus salmoides (Lacépède, 1802).

Introduction en France

L’introduction du black-bass en France s’est faite de manière réfléchie, en considérant les écosystèmes présents et l’importance de maintenir l’équilibre naturel. Les premiers individus ont été introduits dans les cours d’eau douce du pays, tels que les lacs et les rivières, où l’environnement était propice à leur croissance.

Au cours des années, il s’est acclimaté à son nouvel environnement et a commencé à prospérer, établissant des populations stables. Toutefois, cette acclimatation a eu des répercussions. Le black-bass, en tant que prédateur compétent, a affecté les espèces locales, altérant parfois l’équilibre écologique des habitats aquatiques.

Pour gérer les populations de blackbass et réduire leur impact sur les écosystèmes locaux, les autorités françaises et les associations de pêche ont instauré des réglementations spéciales. Ces mesures comprennent des périodes de fermeture, l’établissement de tailles minimales de prise et des quotas, afin de promouvoir une pêche du blackbass à la fois responsable et durable.

Répartition de Blackbass en France
Répartition de Blackbass en France (www.blackbassfrance.org)

Pêche de loisirs

Le black bass, apprécié des pêcheurs sportifs, se pêche surtout au lancer (cuillère, leurres souples, dandine, …)

Prisé par les pêcheurs sportifs, sa pêche se pratique principalement au lancer, que ce soit à la mouche, à la cuillère, aux leurres souples ou à la dandine. Actif du printemps à l’automne, c’est en été qu’il se montre le plus vorace. Bien qu’agressif, il demeure un prédateur méfiant et lunatique, renommé pour sa combativité.

Appâts : Vers de terre, larves d’insecte, mouches naturelles, sauterelles, poissons et leurres
Ne jamais le pêcher sous 22/100.

Taille minimale de capture

La taille légale de capture est fixée à 30 cm dans les eaux de la 2e catégorie; 40 cm dans certaines APPMA.
Nombre de captures autorisées  : oui, par pêcheur de loisir et par jour fixé à 3.

Il est conseillé de vérifier régulièrement ces informations auprès des APPMA.


Annexe : le lancer léger – le black-bass

Enfin, voici un texte publié dans le Chasseur Français en 1946 qui offre un aperçu des considérations halieutiques et écologiques liées à l’introduction du black-bass en France.

«Le black-bass est une acquisition récente. Et les sinistres aventures de la perche-soleil et surtout du poisson-chat nous ont trop fâcheusement « échaudés » pour que la majorité d’entre nous ne montre pas une grande méfiance en ce qui concerne tout poisson d’importation. Je les comprends, bien sûr, mais, dans le cas présent, je ne les approuve pas.

1940-49

Nous avons au moins deux exemples de réussite complète dans les importations d’exotiques : celui de la truite arc-en-ciel et celui de cette autre truite que les naturalistes ont affublée, Dieu sait peut-être pourquoi, du nom absurde de saumon de fontaine.
La première, très précieuse pour peupler les cours d’eau de médiocre fraîcheur, où la vraie truite fario ne se plairait pas, et aussi des étangs un peu trop frais pour que la carpe s’y reproduise.
Le second, ressource précieuse pour introduire la vie piscicole dans les lacs de très haute altitude, où il prospère d’étonnante façon. J’en ai eu la preuve en visitant le lac de la Bissorte, en Savoie.

Un carnassier n’est pas nuisible en tant que carnassier. Relisez mon plaidoyer pour le brochet et celui de tous les écrivains halieutiques actuels, qui ont enfin compris la question : vous y trouverez les mêmes arguments : un poisson qui transforme de la chair sans valeur et pleine d’arêtes en une chair délicieuse et de grosse valeur marchande, qui supprime l’excédent des alevins en surnombre des trop prolifiques « poissons blancs », lesquels ne grandiraient ni ne grossiraient si leurs enfants leur ôtaient complètement « le pain de la bouche », qui détruit les poissons malades ou blessés, empêchant ainsi la propagation des épidémies, du « blanc », etc., et qui grossit rapidement moyennant une consommation assez faible (quatre fois son poids par an), Ce poisson-là est utile s’il en fut, il faut le protéger et le multiplier, surtout si, avec toutes ces qualités, il donne lieu à des pêches particulièrement intéressantes.

Le brochet, évidemment, répond au maximum à toutes ces conditions, excepté peut-être à la dernière, où le black-bass, qui mord à la fois au lancer et à la mouche, le bat d’une petite longueur.

Le black-bass possède toutes les autres qualités que je viens d’énumérer et concurrencerait ainsi victorieusement le brochet si ce dernier ne grandissait beaucoup plus que lui. Mais, si nous le comparons à notre perche française, il a nettement l’avantage à ce point de vue, et aussi à celui de la délicatesse de la chair ; de même qu’en ce qui concerne, je viens de le dire, son double rôle sportif d’amateur de mouche et de lancer.

Ses mérites alimentaires sont incomparables. Bien entendu, on ne peut mettre en parallèle un « black » élevé dans un étang vaseux avec un autre poisson né et grandi en eau pure et courante. Mais, à égale qualité d’eau, le black-bass peut lutter avec les espèces les plus savoureuses.

Il est évidemment très carnassier, mais pas plus que le brochet et la perche. Très bon utilisateur de la chair de ses victimes, si on ne le laisse pas encombrer les eaux quand il a dépassé la taille où il ne grandit plus guère (environ quatre livres). Et puis n’exagérons pas ses déprédations, car il est beaucoup plus éclectique que nos voraces d’Europe. Il ne mange pas seulement du poisson, il fait une énorme consommation de grenouilles, sangsues, têtards, crapauds, larves et vers de toutes sortes et aussi d’insectes, tant aquatiques que tombés sur l’eau par accident.
De sorte que, dans la chair d’un black-bass, la proportion de chair de poisson blanc est moins forte que dans celle d’un brochet ou d’une perche. À peu près la même que s’il s’agissait d’une truite.

Mais, direz-vous, s’il est si parfait, on devrait en mettre partout ! Non pas. Dans une rivière à truites, ce serait une catastrophe. Car la truite est peu prolifique et sa reproduction ne sera jamais excessive. Et la truite, c’est le nec plus ultra. De plus, en eau fraîche, le black réussit mal, du moins notre black à grande bouche, car il y a l’espèce à petite bouche, mais celle-ci est moins intéressante, puisque, en eau fraîche, elle concurrencerait les salmonidés, tandis que le black à grande bouche se plaît dans les eaux tièdes, celle où se reproduit la carpe et où la truite ne vit pas.

N’a-t-il donc aucun défaut ! Ah ! si. Nul n’est parfait ici-bas. Son défaut est une humeur nomade, vagabonde, une espèce de « bovarisme », si je puis dire, qui le porte à ne jamais se plaire là où il est et à subir, comme on disait jadis, avec une exquise simplicité, l’« attirance des ailleurs ». Si l’étang où vous l’introduisez présente une communication avec un étang voisin, barrez-la d’une bonne grille fine, sinon c’est sûrement le voisin qui profitera de votre dépense.

De même en rivière. Pour qu’un repeuplement en black-bass soit intéressant, il doit être fait un peu partout à la fois. En lâcher dans un seul cantonnement est faire œuvre de dupe. Avis aux fédérations, si leurs membres arrivent à se mettre d’accord sur une question aussi discutée.

Vous ferai-je le portrait du black-bass ? C’est peut-être utile, car il n’est pas encore très connu.
C’est une perche, mais assez différente de notre perche rayée. La première dorsale piquante, au lieu d’être grande et haute, comme celle de sa cousine française, est basse et petite. De plus, elle est reliée d’une seule pièce à la portée arrière de la dorsale, celle qui ne pique pas, et qui, chez notre poisson indigène, est nettement séparée.

Il a une gueule énorme, avec la mâchoire inférieure encore plus prognathe que celle de la perche. Le type même du « menton de galoche ». Cela lui donne une mine féroce splendide. La nageoire caudale est courte et peu échancrée.
La teinte générale est claire, d’un brun jaune ; de grosses tâches sombres s’alignent le long du flanc.

Je n’ai jamais compris le nom de black-bass, qui veut dire « perche noire ». Peut-être, au Canada, ces poissons sont-ils beaucoup plus foncés que chez nous ?
Il faudrait demander cela à Constantin-Weyer8, grand spécialiste des perches nord-américaines. Je tiens de lui-même que le black serait un grand destructeur du poisson-chat. Raison de plus pour en peupler nos eaux tièdes.

Le black-bass partage avec l’épinoche et quelques autres espèces la particularité de faire un nid avec des herbes aquatiques. La femelle y dépose ses œufs que le mâle, après les avoir fécondés, surveille jalousement, de même que les alevins qu’il défend contre tout intrus et ramène au bercail s’ils s’en éloignent, mais, une fois émancipés, il les mange sans scrupule.
La présence de plantes aquatiques est donc nécessaire dans les eaux où l’on veut voir le black-bass se reproduire.
»
– A. ANDRIEUX. Le Chasseur Français N°608 Juin 1946 Page 192


En résumé

Aujourd’hui, le black-bass est fermement établi en France et est devenu une espèce prisée par les pêcheurs sportifs. Sa gestion continue d’être un sujet important pour les autorités compétentes, qui s’efforcent de concilier les intérêts des pêcheurs avec la préservation des écosystèmes aquatiques.

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Notes

  1. Un zooplanctivore est un animal se nourrissant de micro-organismes animaux constituant le zooplancton. ↩︎
  2. Anonyme, 1898. Acclimatation des poissons percoïdes américains dans les étangs et les rivières d’Europe. Bulletin de la Société Centrale d’Aquiculture et de Pêche, 10 : 141-142. ↩︎
  3. Keith P., 1998. Evolution des peuplements ichtyologiques de France et stratégies de conservation. Thèse Université de Rennes I : 236 pp. ↩︎
  4. Bertrand E., 1890. Sur quelques poissons récemment acclimatés en France. Bulletin de la Société Centrale d’Aquiculture et de Pêche, 2 : 141. ↩︎
  5. Wurtz-Arlet J., 1952. Le Black-Bass en France. Annales de la Station centrale d’hydrobiologie appliquée, 4 : 203-286. ↩︎
  6. Rivaillon P., 1948. Quelques essais sur l’alevinage du Black-bass et les engrais en pisciculture. Bulletin Français de Pisciculture, 149 : 167-170. ↩︎
  7. Carrel G. & Schlumberger O., 2001. L’Achigan à grande bouche Micropterus salmoides (Lacépède, 1802). In : Atlas des poissons d’eau douce de France (Keith P. & Allardi J. Édit.). Patrimoines naturels, MNHN, Paris, n°47 : 324-325.  ↩︎
  8. Le Moulinet À Tambour Fixe Maurice Constantin Weyer 1938 ↩︎

Article mis à jour en 2024, publié initialement en 2007.

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