L’anodonte europĂ©enne est une espĂšce de mollusque bivalve d’eau douce qui appartient Ă la famille des UnionidĂ©s. Les espĂšces de cette famille sont appelĂ©es moules de riviĂšre ou moules d’eau douce ou mulettes. C’est le plus grand coquillage de nos cours d’eau.
La moule dâeau douce anodonte
Descriptif de l’anodonte
- Anodonte (Lamarck, 1799)
Ce coquillage se caractĂ©rise par sa coquille ovale et lisse, de couleur brunĂątre ou verdĂątre, qui peut atteindre jusqu’Ă 20 cm de longueur et 12 cm de hauteur. La coquille ouverte laisse voir, Ă lâintĂ©rieur, un mollusques gros Ă chair forte et rĂ©sistante. Les coquilles sont blanchĂątres ou jaune verdĂątre, avec des stries dâaccroissement trĂšs nettes.
Mode de vie de la moule d’eau douce
L’anodonte vit enfouie dans le sable ou la vase des cours d’eau, des lacs ou des Ă©tangs, oĂč elle se nourrit en filtrant l’eau Ă travers ses branchies. Elle se nourrit en filtrant l’eau et en captant les particules organiques en suspension. C’est un mollusque qui peut filtrer jusqu’Ă 50 litres d’eau par jour et participer ainsi Ă la purification du milieu aquatique.
Hermaphrodite, cet animal se reproduit en libérant des larves qui se fixent sur les branchies ou les nageoires des poissons hÎtes comme les carpes ou les perches.
Elle joue un rĂŽle Ă©cologique important en contribuant Ă la qualitĂ© de l’eau mais elle est menacĂ©e par la pollution, la destruction de son habitat, la prĂ©dation par le rat musquĂ© et certaines espĂšces de poissons et la concurrence d’autres mollusques introduits comme l’anodonte chinois.

Est-ce que les moules d’eau douce sont comestibles ?
La rĂ©ponse est non, ou du moins pas sans risque. En effet, l’anodonte europĂ©enne peut accumuler des substances toxiques dans sa chair, comme des mĂ©taux lourds, des pesticides ou des bactĂ©ries. Ces substances peuvent provoquer des intoxications, des infections ou des allergies chez les humains qui consomment la moule. De plus, le goĂ»t de l’anodonte europĂ©enne n’est pas trĂšs agrĂ©able (goĂ»t vaseux). Sa chair est trĂšs dure voire caoutchouteuse.
Il faut toujours bien les cuire avant de les consommer et vĂ©rifier qu’elles proviennent d’un milieu sain et contrĂŽlĂ©.
Annexe : la grande moule d’eau douce
L’anodonte
L’anodonte vit dans les fonds sableux ou sablo-vaseux, oĂč elle s’enfonce en laissant sortir de la coquille, vers le bas, sa partie charnue ou pied ; le tiers ou le quart seulement de la partie supĂ©rieure sort du sable, les deux coquilles Ă©tant lĂ©gĂšrement entr’ouvertes pour laisser passer les siphons qui aspirent d’une façon continue l’eau nĂ©cessaire Ă sa respiration, ainsi que les dĂ©bris animaux et vĂ©gĂ©taux dont elle se nourrit.

On les trouve aussi bien dans les eaux Ă courant vif que dans les Ă©tangs, avec une nette prĂ©fĂ©rence pour les eaux acides ou granitiques, bien que leurs coquilles soient calcaires. L’anodonte est de trop grosse taille pour ĂȘtre recherchĂ©e par les poissons ; aussi son importance piscicole est-elle assez faible. Sa prĂ©sence ne donne aucun renseignement au point de vue pollutions, car elle les supporte bien.
L’anodonte est comestible pour l’homme, et on peut la manger cuite, comme on le fait des moules marines ; mais la chair est trĂšs dure et de mĂ©diocre saveur. En revanche, les rats d’eau l’apprĂ©cient beaucoup ; ils savent la rechercher, la tirer sur la rive et casser la coquille pour la dĂ©vorer. On voit souvent sur les berges de petits tas de ces coquilles d’anodontes brisĂ©es sur les lieux de festin des rats d’eau.
Cette grosse moule d’aspect si massif et qui semble, Ă premiĂšre vue, si peu intĂ©ressante, offre de trĂšs curieuses particularitĂ©s. Tout d’abord, celle de sa reproduction, qui se fait en plein Ă©tĂ©, du mois de juin au mois d’aoĂ»t.
Les sexes sont sĂ©parĂ©s ; la femelle aspire les spermatozoĂŻdes Ă©mis par le mĂąle avec l’eau qu’elle siphonne pour les besoins de sa nourriture et de sa respiration ; ils fĂ©condent entre les branchies les Ćufs que la femelle y a pondus ; au bout de quatre semaines d’incubation, les Ćufs Ă©closent et donnent des larves microscopiques, qui quittent leur mĂšre Ă partir de la fin juillet et, Ă l’aide de crochets dont sont munie ces valves minuscules, vont s’implanter sur les branchies d’un poisson et, pendant une pĂ©riode qui va de quinze jours Ă deux mois, vivent aux dĂ©pens de leur hĂŽte jusqu’Ă acquĂ©rir leur forme dĂ©finitive ; alors ils le quittent et tombent au fond de l’eau.
Ă ce moment, la petite larve atteint 2 Ă 3 millimĂštres et est parfaitement visible sur les branchies d’un poisson ou mĂȘme sur les nageoires, sous forme de nodositĂ©s noirĂątres qui avaient fait croire autrefois Ă une maladie appelĂ©e glochidiase ; mais on ne peut pas considĂ©rer cela comme une maladie, puisque l’hĂŽte n’en souffre nullement.
La moule perliĂšre dâeau douce
Il faut aussi signaler lâaide curieuse apportĂ©e par lâanodonte Ă la reproduction de la bouviĂšre, ce petit poisson du centre de la France, dont la femelle, au moment du frai, pousse un long tube anal, quâelle introduit dans la coquille de lâanodonte pour lui injecter ses Ćufs. Câest un phĂ©nomĂšne curieux que de voir un coquillage confier ses petits Ă un poisson, lequel lui confie ensuite la garde de ses Ćufs.

Viridiflavus, CC BY-SA 3.0 , via Wikimedia Commons
Je signale, en terminant, que l’anodonte sĂ©crĂšte parfois des perles qui, pour n’avoir pas l’orient des perles marines, n’en ont pas moins une rĂ©elle valeur. En Allemagne, la variĂ©tĂ© d’anodonte qui est la mulette perliĂšre (1) a Ă©tĂ© mĂȘme exploitĂ©e, notamment dans le pays de Bade oĂč, dans certains ruisseaux, on fait la rĂ©colte systĂ©matique des perles. Dans ces cours d’eau en terrain granitique, se trouve une importante vĂ©gĂ©tation de callitriches, avec prĂ©sence de vĂ©rons, de chabots et de truites ; les anodontes se trouvent souvent par groupes de plusieurs dizaines de mollusques. C’est prĂ©cisĂ©ment l’amĂ©nagement de ces ruisseaux qui a permis de constater que ces moules d’eau douce vivaient soixante, quatre-vingts et mĂȘme cent ans ; l’accroissement de ces moules se fait trĂšs lentement (guĂšre plus de 1 Ă 2 millimĂštres par an), accroissement que l’on a pu constater grĂące aux stries ; une simple moule d’une vingtaine de centimĂštres a donc une centaine d’annĂ©es.

L’Ă©pithĂ©lium marginal qui enveloppe le corps mĂȘme de la moule, et qui sĂ©crĂšte les deux coquilles, sĂ©crĂšte, en certains cas particuliers, des perles. Ces perles sont dues, le plus souvent, Ă un corps Ă©tranger, tel qu’un grain de sable ou un parasite. Elles prĂ©sentent en surface une couche irisĂ©e, avec un Ă©clat argentĂ© ou rosĂ© (ce sont les plus rares), ou plus souvent gris ou brun. Il faut environ de 400 Ă 1.000 moules d’eau douce avant de trouver une perle d’un certain prix.
Ces ruisseaux du pays de Bade (rĂ©gion de l’Odenwald) sont Ă©troitement surveillĂ©s ; la pĂȘche n’y est permise que tous les six ans ; des spĂ©cialistes parcourent le ruisseau, enlĂšvent tous les mollusques, qui sont recueillis dans des paniers et confiĂ©s Ă d’autres spĂ©cialistes qui, sur les bords mĂȘmes du ruisseau, font entrebĂąiller dĂ©licatement les deux coquilles Ă l’aide d’une pince spĂ©ciale, et, Ă©ventuellement, enlĂšvent les perles qu’ils trouvent. AprĂšs avoir Ă©tĂ© examinĂ©es, les anodontes sont immĂ©diatement remises Ă l’eau, et elles regagnent leur station prĂ©fĂ©rĂ©e, d’oĂč on ne les dĂ©rangera que six ans plus tard. Cette exploitation est trĂšs ancienne au pays de Bade, oĂč elle existe depuis plus de trois cents ans. Nous n’avons pas connaissance que l’anodonte soit exploitĂ©e en France en vue de la recherche des perles. Toutefois, nous avons eu connaissance de certains cas prĂ©cis, dont un notamment dans le Luy, riviĂšre des Landes, oĂč une perle de prix a Ă©tĂ© trouvĂ©e dans une de ces moules. Mais je ne voudrais pas que cet article entraĂźne des espoirs exagĂ©rĂ©s, qui risquent de se traduire par la destruction trop massive de ces mollusques dans nos riviĂšres, mollusques qui, ne l’oublions pas, mettent prĂšs de cent ans Ă acquĂ©rir leur taille.
Extrait de lâarticle «Les mollusques d’eau douce» du Chasseur Français N°643 Septembre 1950 – Page 536 par Delaprade.
(1) Câest une espĂšce qui, de nos jours, est au bord de lâextinction bien que protĂ©gĂ©e.

En résumé
Tous les pĂȘcheurs d’eau douce connaissent la grande moule anodonte des Ă©tangs. Il arrive mĂȘme que nous la prenions au leurre mais Ă©galement au cheveu car elle n’hĂ©site pas Ă se refermer sur une bouillette de carpe. Sa prĂ©sence est un signe de qualitĂ© des eaux de lâĂ©tang ou de la riviĂšre, en effet cet organisme ne supporte pas la pollution.
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Une moule anodonte ne bave pas, donc une moule bien baveuse est une légende rurale.
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Initialement écrit en 2018, cet article a été repris et mis à jour en novembre 2023.
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