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Le hotu un poisson mal aimé

Le Hotu est une espèce de poisson de la famille des cyprinidés et qui vit dans le courant des bassins de la Meuse, du Rhin, de la Seine et du Danube.

Les origines du hotu

Différentes études (1988 1, 1997 2) permettent de situer les origines du hotu et de sa propagation en France.

Le hotu, originaire du Danube, de l’Oder 3, de la Vistule 4 , s’est spontanément introduite dans le réseau hydrographique français entre 1853 et 1890 dès la mise en service des canaux de l ‘Est français. Il a pu ensuite passer du Rhin à la Seine, puis du Rhône et de la Loire supérieure.

Le genre Chondrostoma auquel appartient le Hotu, n’est représenté en France que par deux espèces : le toxostome 5 (espèce autochtone) et le hotu. La présence de ce dernier ne semble pas entraver la vie de la population autochtone, en particulier pendant la période de reproduction.

Beaucoup plus typique que le toxostome par son comportement alimentaire et sa grégarité, le Hotu présente également une plus grande fécondité, une croissance plus rapide et une taille maximale double : jusqu’à 51 cm contre moins de 28 cm pour le toxostome.

Description du hotu

Chondrostoma nasus (Linné, 1758)
Autre nom: nase

Le hotu est un poisson élancé, couvert d’écailles brillantes, son dos est teinté de gris bleu, certaines nageoires sont orangées. Il se caractérise par sa bouche rectiligne en position infère 6 (chez l’adulte). Le museau est proéminent, la lèvre inférieure est cartilagineuse à bord coupant..

La taille est variable suivant les milieux mais elle dépasse rarement 45 à 50 cm, pour une durée de vie de 15 ans environ dans les rivières françaises (Nelva-Pasqual, 1985).
Poids : 200 grammes à 1,8 kilogrammes.

Il est reconnaissable à son dos brunâtre, ses lèvres cornées et coupantes.

Hotu
Hotu

Biologie

Le hotu est un poisson grégaire qui affectionne les eaux courantes au fond de petits galets et graviers. Son comportement est essentiellement benthique 7 . Son alimentation, est constituée principalement de diatomées raclées sur les substrats.

La reproduction a lieu au printemps, elle semble être déclenchée par des températures supérieurs à 8 à 9°C. La fécondité est voisine de 40 000 ovules par kilo de femelle. Les œufs sont déposés en masse sur le substrat sans aucune protection.
La durée de l’incubation peut varier de 5 jours pour une température de 17°C à 23 jours pour une température de 10°C.

Habitat

Le hotu fréquente les cours d’eau à courants rapides et à fonds caillouteux.
Actuellement cette espèce est présente dans le bassin du Rhin, du Rhône, de la Seine et de la Loire. Elle semble absente des cours d’eau bretons et normands ainsi que ceux du bassin de la Garonne et de l’Adour.
C’est un poisson grégaire qui se déplace en bancs.

Le hotu est très sensible au phénomène de pollution ce qui peut expliquer sa régression dans plusieurs régions où il avait eu tendance à se développer d’une façon explosive.
Il est classé sur Liste rouge LC, en préoccupation mineure (espèce pour laquelle le risque de disparition est faible).

La pêche du Hotu

Il se pêche au coup.
C’est un poisson imprévisible et il difficile de prévoir s’il va mordre. La ligne doit être réglée pour que l’hameçon traîne au fond; il mord parfois à la cuiller tournante de petite taille.

Annexe 1 : une mauvaise réputation?

❓❗ Le HOTU est-il vraiment DANGEREUX ? - h2oAX 01

❓❗ Le HOTU est-il vraiment DANGEREUX ? – h2oAX 01 / Nervurax Fishing

Annexe 2 : Le Hotu, déjà en 1952…

1952

Le nase (Chondrostama nasus)

A cette époque, le hotu était considérait comme nuisible parce que l’on pensait qu’il se nourrissait des œufs de truites et des ombres. Mais en fait c’est un poisson au régime alimentaire strict composé essentiellement de diatomées (petites algues qui tapissent le fond et les pierres des rivières) qu’il racle sur le fond.

«Si, à première vue, le hotu paraît être un assez beau poisson, là se borne à peu près tout son mérite, ainsi que nous le verrons plus loin. C’est le Chondrostama nasus des naturalistes, pour nous, le « nase » qui, comme nos poissons blancs, appartient à la famille des « cyprinidés ». Corps allongé couvert d’écailles brillantes, dos un peu arqué, ventre aplati ; nageoires dorsale et anale brunâtres, les autres roussâtres ; ni aiguillons, ni barbillons. Mais ce qui le caractérise et le dépare, c’est son nez large, obtus, proéminent, et sa bouche en forme de fer à cheval, placée complètement en dessous et encadrée de plaques cartilagineuses.

Il a reçu toute une kyrielle de prénoms bizarres : soiffe, âme noire, gueule carrée, chiffe, prussien, siège, écrivain, mourine, etc. … À cela, malgré les confusions qui peuvent en résulter, il n’y aurait pas grand mal, mais quand on l’a appelé fera, lavaret, mulet, ombre-chevalier, la méprise devient fâcheuse et l’erreur regrettable, car c’est confondre le plus mauvais poisson de nos rivières avec les meilleurs.

Le véritable nase — car il en existe plusieurs variétés — fréquente surtout les cours d’eau importants. Il atteint la longueur de 0,45m et pèse parfois 2 kilogrammes et même un peu plus. Mais ces gros nases ne sont pas très communs et nos lignards doivent se contenter, le plus souvent, de poissons de 700 à 800 grammes.

Pendant l’hiver, les hotus habitent les profondeurs, à l’aval des grands fleuves ; au printemps, ils remontent leur cours ainsi que celui de leurs affluents et cela en vue du frai, qui s’exécute sur des fonds propres, caillouteux ou graveleux, où l’eau court assez vite et a peu de profondeur. Les œufs, petits et verdâtres, moins nombreux que chez le gardon, mettent environ quinze jours à éclore et les alevins grossissent assez vite. Dans certains de nos cours d’eau, les hotus remontent en troupes si épaisses et si nombreuses que les fonds en sont comme tapissés ; ils se touchent tous, parfois sur des longueurs considérables, et tous autres poissons fuient devant eux. Leur nourriture habituelle consiste en petits animaux aquatiques.

En été, par eaux basses et claires, il est fréquent de les voir se retourner sur le flanc pour mieux saisir ces bestioles collées aux pierres et aussi « brouter » la mousse verdâtre qui couvre certains fonds. Si cela suffisait à leur bonheur, il n’y aurait guère lieu de s’en préoccuper, mais ils sont tellement avides du frai des poissons qui pondent dans les graviers et sur les bords, qu’ils se rendent de ce chef fort nuisibles quand ils sont nombreux, ce qui est la règle générale. Aussi les fermiers des cantonnements de pêche les ont-ils en horreur et, à plusieurs reprises, ont demandé de pouvoir le pêcher aux filets en tout temps et notamment en mai, pendant leur frai, époque où ils sont faciles à prendre. De peur du braconnage, cette faculté leur a été jusqu’ici refusée.»

Une pêche assez facile

«Le hotu est fréquemment capturé par nos pêcheurs à la ligne et sa pêche est assez facile. Pour bien réussir, il est bon de choisir un fond de gros sable ou de gravier, en courant modéré, profond de 1,50m à 2 mètres.

On amorcera un peu au large avec des boulettes de terre molle contenant du pain détrempé, du blé cuit, des asticots, des brisures de tourteaux et de petits vers. La canne, en roseau, longue de 5 à 6 mètres, sera légère, un peu moins flexible que pour pêcher le gardon ; le moulinet est facultatif mais toujours à conseiller. Le corps de ligne, en soie fine, sera suivi d’un bas de ligne de 2,50m en nylon 18 ou 20 centièmes ; flotteur léger, en porc-épic, et équilibré par un groupe de petits plombs n°7 à 0,30m de l’hameçon. Ce dernier sera un n°12 pour le blé cuit, n°14 pour l’asticot, la toute petite noquette ou la minuscule boulette de pain frais et le ver rouge. Il est bon que la coulée traverse l’espace amorcé vers son milieu et que l’appât traîne sur le fond comme pour le goujon.

La touche est le plus souvent franche ; la plume s’enfonce sans avertissement préalable et part plus ou moins vite ; parfois elle s’arrête comme dans un accrochage. Il est bon de répondre aux deux cas par un ferrage décidé, car les lèvres cartilagineuses du hotu sont assez dures à percer ; on ne devra pas, cependant, y mettre trop de raideur. Les gros hotus se défendent assez bien. S’ils ne sautent pas hors de l’eau et ne se butent guère au fond, ils tirent en bout avec vigueur, généralement vers l’aval, et le scion est mis à l’épreuve, mais cette résistance ne dure guère ; le danger est au bord ; au moment où l’épuisette va entrer en jeu, il tourne sur lui-même, se met le ventre en l’air et, pour peu que le fil se détende, est prompt à vous tirer sa révérence ; aussi ne doit-on pas s’amuser avec lui et l’empocher au plus tôt.»

Le hotu serait donc à délaisser

«Si le hotu est fort indésirable pour sa nuisance à l’égard du frai, il l’est aussi par son peu de valeur comestible. Sa chair est flasque, molle, farcie d’arêtes et d’un goût détestable.

Pour le rendre « mangeable » (?), on doit le saigner par incision à la queue dès sa capture, l’ouvrir, le vider et enlever avec soin la peau noire qui tapisse le péritoine. Malgré toutes ces précautions, on ne risque jamais de se régaler.

Pour résumer, disons de ce poisson : pêche monotone, peu sportive, peu captivante ; goût désagréable et peu appétissant. Il serait donc à délaisser, n’était l’impérieuse nécessité de le détruire. C’est ce que j’ai toujours fait quand je l’ai pu, soit aux filets, soit à la ligne, et mes prises ont été considérables ; je m’en flatte et ne m’en repens pas. Que nos confrères en fassent autant et cet hôte indésirable, qui nous est venu de l’étranger fort mal à propos, verra ses méfaits diminuer de plus en plus dans l’avenir, au grand bénéfice de nos rivières déjà bien pauvres.»

PORTIER. Le Chasseur Français N°662 Avril 1952 Page 214.
Titre de la publication : Un indésirable le hotu

En conclusion

Le hotu est un poisson d’eau douce qui appartient à la famille des cyprinidés. Il est souvent considéré comme un poisson mal aimé en raison de sa réputation de nuisible dans certaines régions: comportement migratoire, concurrence alimentaire, dégradation des habitats. Pourtant son régime alimentaire lui confère un rôle épurateur des eaux.
Le Hotu est actuellement classé en « préoccupation mineure » dans la liste rouge de l’UICN.

Références

  1. Origine et biogéographie des deux chondrostomes français Par Alain Nelva ↩︎
  2. La pénétration du hotu, Chondrostoma nasus, dans le réseau hydraulique français
    1997 – Université de Savoie, CISM, Laboratoire d’Ecologie des Vertébrés ↩︎
  3. L’Oder est un fleuve d’Europe centrale d’une longueur totale de 854 km. Depuis sa source, située en République tchèque, l’Oder descend dans le Sud-Ouest de la Pologne. ↩︎
  4. La Vistule est le principal fleuve polonais et le 9ᵉ plus long fleuve d’Europe. ↩︎
  5. Le Toxostome ↩︎
  6. Chez un animal, les positions des mâchoires de la bouche sont dites supère (vers le dessus), infère (vers le bas) et terminale (égales). ↩︎
  7. Relatif au fond des eaux ; qui vit au fond des eaux. ↩︎

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Initialement écrit en 2010, cet article a été repris et mis à jour en janvier 2024.
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