Poisson lapin fait référence à deux espèces de poissons subtropicaux marins de la famille des Siganidés: Siganus rivulatus et Siganus luridus .
Description
Siganus rivulatus et Siganus luridus sont deux espèces de poissons tropicaux de la famille des Siganidae, communément appelés poissons-lapins. Ces poissons sont originaires de la mer Rouge et se sont introduits en Méditerranée par le canal de Suez. Ils sont considérés comme des espèces envahissantes, car ils ont un impact négatif sur les écosystèmes marins.
Siganus rivulatus (Forsskål & Niebuhr, 1775)
Autres noms : Cordonnier blanc , Poisson-lapin à ventre strié, Sigan marbré.
Taille : 10 à 25 cm
Zone géographique : Méditerranée
Siganus luridus (Rüppell, 1829)
Autres noms: Poisson-lapin à queue tronquée, Sigan sombre, Dusky spinefoot (en anglais) , squaretail rabbitfish (en anglais)
Taille : 10 à 25 cm
Zone géographique : Méditerranée
Ce sont des poissons grégaires à nageoires rayonnées. Ils ont un corps ovale, comprimé latéralement. Le bord de leurs nageoires est orné d’épines. Ces dernières sont reliées à des glandes à venin qui leur permettent de se défendre contre leurs prédateurs. Leurs piqûres sont douloureuses, mais non mortelles.
Les deux espèces se distinguent par le motif de leur face dorsale, dont le coloris varie du gris verdâtre au jaune en passant par le brun clair.

Origine et habitat
Ce sont des espèces de poissons subtropicaux qui se sont introduits en Méditerranée en passant par le canal de Suez. Cette migration a été favorisée par le réchauffement climatique.
Les poissons-lapins sont présents dans toute la Méditerranée orientale et centrale, et ont atteint la Méditerranée occidentale dans les années 2000. Ils sont observés notamment en Espagne, en France, en Italie, en Tunisie, en Algérie et au Maroc. Ils sont aussi signalés aux îles Malte, où les deux espèces coexistent.
Ces poissons sont herbivores. Ils se nourrissent essentiellement d’algues et contribuent ainsi à la désertification des fonds marins méditerranéens ; ils mangent par exemple le raisin de mer (1) (Caulerpa cylindracea) et pourraient s’attaquer aux herbes de posidonies. On dit que ce sont de véritables «tondeuses à gazon», aussi broutent-ils les algues qui servent de nurserie à de nombreuses autres espèces de poissons.

Ils évoluent sur les fonds rocheux littoraux, de la surface à 30 m de profondeur, là où les herbiers et les algues abondent.
Les bancs de poissons lapins peuvent réunir plusieurs centaines d’individus.
La période de reproduction se situe de mai à juillet en Méditerranée. Les larves se nourrissent de phytoplancton et de zooplancton avant de rejoindre le fond.
Les juvéniles peuvent se rassembler en bancs considérables dans des baies abritées. Ils mesurent entre 10 et 25 cm de longueur.
Les deux espèces font partie de la liste noire des espèces envahissantes en milieu marin méditerranéen.
(1) – Caulerpa cylindracea (doris.ffessm.fr)
En Méditerranée, Caulerpa cylindracea peut se rencontrer de la surface jusqu’à 70 m de profondeur sur tous types de substrats.
YouTube : Siganus par la Méditerranée – GScUbALO
Leur présence peut avoir un impact important sur les écosystèmes formés par les algues et les populations d’autres herbivores. La contribution des données des citoyens à la science est une stratégie utile pour surveiller la propagation des espèces envahissantes. Nous pouvons apprendre à collecter des données intéressantes pour faire avancer la recherche.
Pêche du poisson lapin
Les poissons-lapins sont pêchés localement pour la consommation humaine ou pour l’aquariophilie, mais ils ne sont pas très appréciés à cause de leur faible qualité gustative.
Herbivores, on peut s’essayer à les pêcher comme les saupes avec des appâts végétaux : laitue de mer, pain.
Attention, les épines peuvent être légèrement venimeuses.
On peut le confondre avec la saupe (Sarpa salpa).
Annexe – L’inquiétante arrivée du poisson lapin près de nos côtes méditerranéennes
Un article publié sur Nice-Matin le 7 décembre 2009.
C’est l’une des (nombreuses) espèces dites
invasives, qui étendent leur habitat en profitant du réchauffement climatique ou du développement des échanges intercontinentaux. Avec des conséquences plus ou moins néfastes pour les équilibres naturels des espaces nouvellement colonisés. Ainsi lepoisson lapin(Siganus luridus), un herbivore apparu récemment près de nos côtes, serait à classer parmi les envahisseurs particulièrement redoutables. Tant son aptitude à se multiplier pourrait menacer les végétaux de notre littoral et notamment les précieux herbiers de posidonie.Les prairies sous-marines en danger
Originaire des mers chaudes, ce poisson de couleur brune et d’une vingtaine de centimètres de long est muni d’épines dorsales le protégeant des prédateurs. Après la seconde guerre mondiale, il a traversé le canal de Suez. Il s’est alors répandu dans le bassin oriental de la Méditerranée où il a proliféré.70 % des poissons fréquentant les côtes libanaises sont des Siganus luridussouligne à Nice le professeur Patrice Francour, du Laboratoire environnemental marin littoral de la faculté des Sciences.Lors de plongées dans les eaux turques, j’ai observé des bancs de 10 000 individus…Jusqu’ici, le poisson lapin ne s’était pas aventuré en Méditerranée occidentale.
Sans doute parce que la température de l’eau descendait trop bas en hiver – 13° – pour cette espèce d’origine tropicaleexplique Patrice Francour, qui prépare une publication scientifique sur le sujet. Toutefois, cette barrière thermique ne semble plus opérante.
En juillet 2007, un Siganus luridus fut ainsi découvert dans les filets d’un pêcheur de Carry-le-Rouet, près de Marseille. Deux explications sont avancées :La température chute toujours à 13° mais sur une période plus courte. Et puis, de l’eau chaude est drainée de l’est vers l’ouest de la Méditerranée, à la suite d’une modification des courants, vraisemblablement engendrée par une élévation du mercure en Europe orientale.Bref, les conditions seraient réunies pour favoriser l’installation sur nos côtes du poisson lapin. Celui-ci va jeter son dévolu sur les algues brunes (cystoseires) et surtout sur les herbiers de posidonies. Au point de mettre en péril ces prairies sous-marines servant de réservoirs de biodiversité, d’amortisseurs de houle et donc de protection contre l’érosion des rivages ? Toute la question est là.
Jean-Paul Fronzes – Monaco-Matin

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Article publié initialement en 2009. Dernière mise à jour en 2022.