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No-Kill : Comment capturer et relâcher les poissons

Le No-Kill. Nous sommes loin de l’époque où la pêche de loisir se résumait uniquement à prendre du poisson pour se nourrir. La décision de tuer ou de remettre à l’eau doit être prise avant même d’avoir le poisson entre les mains.

La graciation est un acte de plus en plus courant dont le but est de préserver nos parcours de pêche.
Le geste n’est pas anodin et il faut pratiquer avec soin.

Je relâche près de 100% des poissons d’eau douce et 80 % des poissons de mer que je capture. Je n’ai aucune raison de remplir le congélateur.

Le No-Kill ou « catch and release »

Le No-Kill est un terme francisé dont l’expression anglaise est «Catch and Release» (prendre et relâcher). Le «Catch and Release» fut introduit par les pêcheurs sportifs américains dans les années 50.

L’idée initiale était de remettre à l’eau les prises trop petites qui n’avaient pas pu se reproduire. C’était un choix libre et arbitraire du pêcheur.
Bien sûr, on tenait également compte des tailles minimales légales de capture.
Il s’agissait de préserver les ressources halieutiques.

Des experts mandatés pour réaliser des études

Afin de convaincre les pêcheurs, des experts furent mandater afin d’apporter des preuves en termes de préservation des ressources halieutiques. On estime que sur la bonne centaine d’études réalisées sur ce sujet et donc du nombre de poissons comptabilisés, la moyenne de la mortalité associée à la pêche avec graciation serait de 16,2%.

Autre point, une expertise sur les salmonidés réalisée aux États-Unis tendrait à montrer que la pêche aux appâts naturels provoquerait une mortalité de 50% alors que la pêche au leurre augmenterait drastiquement le taux de survie autour de 95%.

Le No-Kill également un lieu de pêche

La remise à l’eau peut être pratiquée de façon volontaire ou par réglementation des parcours de pêche. Dans ce dernier cas, la référence au No-kill qualifie le lieu de pêche, on parle par exemple d’étang de pêche no-kill.

Le No Kill est une pratique à la mode et tout le monde veut s’y mettre. En France, les pêcheurs de carpe et les pêcheurs à la mouche ont été les premiers à pratiquer le No-kill.
A l’étranger et en mer, les pêcheurs de poissons à rostre (comme les espadons et les marlins) pratiquent de plus en plus le « tag and release », qui consiste à marquer le poisson avant de le relâcher.

Pour en savoir plus, vous pouvez également consulter les articles :

Vidéo YouTube : Les chances de survie d’un poisson Fabrice Perchée – Regarder sur Youtube

Quelles sont les chances de survie d’un poisson qui a été capturé avec un hameçon ?Cette étude montre que 90% des poissons, anguilles et cabillauds, relâchés par les pêcheurs ont survécu.

Les techniques No-Kill

Le fait de capturer un poisson entraîne systématiquement des effets négatifs qui peuvent mettre sa vie en péril.

Ainsi le ferrage suivi du combat, les blessures causées par les hameçonsla manipulation du poisson et parfois les effets de décompression lorsque l’on pêche en profondeur sont autant d’actions et d’éléments pouvant nuire au poisson capturé.

Si le pêcheur décide de relâcher ses prises, il se doit alors de le faire à bon escient afin de donner un maximum de chance de survie aux poissons. Pour cela, voici quelques conseils pour manipuler le poisson sans le faire souffrir

Parcours no kill - AAPPMA de Belledonne (Isère)
Parcours no kill – AAPPMA de Belledonne (Isère)

Utiliser les hameçons simples sans ardillon

Il est également prouvé que l’incidence de mortalité augmente si le poisson saigne: les hameçons sans ardillon limitent les blessures dans les chairs.

Vers des hameçons sans ardillon

Un ardillon est la contre-pointe empêchant le poisson de se décrocher ; on comprend que l’usage d’hameçons avec ardillon (barbed hook) soit préjudiciable.

Il est conseillé d’utiliser des hameçons sans ardillon (barbless hook) qui ressemblent pour les plus fins à des aiguilles que l’on aurait courbées.
Ils sont plus faciles à retirer et réduisent le temps de manipulation du poisson.

Les pêcheurs forcés à utiliser les hameçons sans ardillon craignent de prendre moins de poissons en les décrochant inopinément.

Une étude (de Schaeffer et Hoffman – 2002) leur donne raison et montre que les pêcheurs captureraient 22% de plus en utilisant des hameçons avec ardillon qu’en utilisant des hameçons sans ardillon.

Néanmoins, je reste persuadé pour l’exercer en étang, qu’en quelques heures, tout bon pêcheur devrait trouver de lui-même la manière de moins ne plus décrocher et de conserver le contact avec le poisson.
Généralement un beau poisson tire sur la ligne pour s’enfuir et il est rare de décrocher. Cela arrive bien sûr de temps en temps et cela fait partie du jeu.

Barbless obligatoires sur les parcours de pêche

De nos jours, il n’est pas rare de trouver dans la réglementation des associations de pêche des indications concernant l’usage des hameçons notamment sur les parcours no-kill : barbless obligatoire, des limitations sur les tailles d’hameçon, des interdiction sur l’utilisation d’hameçon triple.

Les hameçons type circle hook (encore appelés hameçon circulaire) réduiront le risque au poisson d’engamer trop profondément l’appât. Je pêche souvent le bar au surfcasting avec ce type d’hameçon qui me permet de décrocher facilement l’animal pris à la bouche pour le remettre à l’eau.

Ecraser l’ardillon

Bien que la méthode soit déconseillée, il est possible d’écraser l’ardillon de l’hameçon avec un pince plate. Les fabricants de matériel de pêche ne sont pas dupes et proposent des pinces dédiés à cet usage; une petite pince plate ordinaire ferait tout aussi bien l’affaire.

Cependant, rien ne garanti que cet ardillon soit bien écrasé, il doit être comme effacé. Pour vérifier il suffit de piquer cet hameçon dans un morceau de tissu et de le retirer: au retrait, aucune résistance ni accrochage ne doivent être ressentis.
Il est à noter que le fait d’écraser un ardillon peut fragiliser la pointe de l’hameçon, voire la briser.
Certains parcours de pêche interdisent cette pratique.

Mettre terme au combat rapidement

Le poisson, une fois bien ferré, doit être récupéré le plus rapidement possible afin d’éviter son épuisement.

Des études montrent que le combat correspond pour le poisson à une activité musculaire intense, entraînant l’apparition rapide de mécanismes anaérobies. Des difficultés respiratoires peuvent alors apparaître, parfois pour certaines espèces jusque 2 à 8 heures après le combat. Le stress lié à la capture et aux manipulations réduisent également leur défense immunitaire.

Maintenir le poisson dans l’eau le plus possible en No-kill

Les poissons doivent rester le moins longtemps possible hors de l’eau. Des études sur les truites démontreraient que le taux de survie serait à 62% pour les poissons exposés à l’air pendant 30 secondes et tomberait à 28% pour les poissons exposés 1 minute. Le décrochage et l’éventuelle photo doivent être réalisés plus rapidement possible, il est important de ne pas toucher les yeux et les branchies du poisson.

Photographie d’une tanche au fond d’une épuisette
Photographie d’une tanche au fond d’une épuisette

Épuisette et tapis de dépose pour le No-kill

L’épuisette permet à la fois de récupérer le poisson dans l’eau sans être obligé de le soulever avec la ligne et permet de le garder dans l’eau le temps de se préparer au décrochage ou à la photo. Les modèles d’épuisette comportant des nœuds affligent plus de blessures (par exemple: blessures aux nageoires, retrait de mucus protégeant la peau du poisson contre les maladies) que celles avec maille sans nœud ou en caoutchouc.

S’il se trouve nécessaire de poser le poisson sur la berge, le tapis de dépose (ou tapis de réception) trouve toute sa place à condition qu’il soit préalablement humidifié et qu’il ne se soit pas transformé en plancha après un long séjour en plein soleil, mieux vaut dans ce cas le déposer délicatement dans l’herbe humide.

Une carpe de 5,5kg posée sur le tapis de dépose pour la photo.
Une carpe de 5,5kg posée sur le tapis de dépose pour la photo.

Avec les mains, jamais le chiffon

Toujours avoir les mains mouillées avant de prendre un poisson. Certains pêcheurs au coup disposent à côté d’eux un petit seau rempli d’eau à cet effet. L’idée est de préserver le mucus et les écailles.
La sortie hors de l’eau provoque un énorme stress qui généralement se concrétise par une agitation puis une période où le poisson se calme.
Pour les petits poissons par exemple, il n’est pas bon de l’attraper en le serrant entre nos doigts alors qu’il s’agite; c’est quand il se calme qu’on peut le déposer à plat dans le creux de la main, ventre bien posé afin d’éviter toute lésion d’organe. Plus facile à dire qu’à faire.

Le chiffon, sec comme mouillé, génère un frottement destructeur sur la peau écaillée du poisson. L’utilisation de chiffon est à bannir, c’est la pire chose que l’on puisse faire si l’on souhaite remettre le poisson à l’eau. La quantité de mucus absorbée par le textile est bien trop importante pour lui laisser une chance de survie. Dans le cadre d’une graciation, oublier le chiffon avec les truites, les tanches et les anguilles!

Petite tanche dans le creux de la main
Petite tanche dans le creux de la main

Le dégorgeoir et son bon usage

Le dégorgeoir est un ustensile de pêche indispensable. Comme son nom l’indique, il permet de dégorger le poisson, c’est à dire de lui enlever du mieux possible l’hameçon planté dans ses chairs.

Les dégorgeoir actuels sont fabriqués en matière plastique ou en laiton. Ces derniers, utilisés dans la précipitation, blessent le poisson parce que ces outils ont une extrémité souvent trop saillante, insuffisamment adoucie.
Les dégorgeoirs existent en différentes tailles et en différents modèles comme par exemple la pince dégorgeoir pour le brochet.

Pour ôter un hameçon avec ou sans ardillon, planté dans les lèvres du poisson, les doigts suffisent : pas besoin du dégorgeoir.

Comment utiliser le dégorgeoir ?

Il suffit simplement de passer le fil dans la fente du dégorgeoir et de repousser l’hameçon pour pouvoir l’enlever du poisson. Tendre très légèrement le nylon pour guider le dégorgeoir vers l’hameçon.
L’hameçon épouse alors le rebord du dégorgeoir ce qui permet de l’extraire sans risquer de piquer le poisson à nouveau.

Il faudra sans doute quelques poissons « cobaye » au pêcheur novice pour obtenir le bon geste qui s’apprend finalement rapidement.

YouTube : Décrocher un poisson – 100% Pêche

Tuto de pêche pour apprendre à décrocher un poisson de l’hameçon facilement en utilisant un dégorgeoir.

Video YouTube : utiliser un dégorgeoir en plastique – CAPERLAN – Pêche au coup – Pole Fishing

Il est important de bien maitriser le dégorgeoir pour limiter les risques avec le poisson.

Couper le fil au ras de la gueule

Un hameçon profondément engagé dans la gorge du poisson pourrait être fatal à l’animal si le pêcheur utilise le dégorgeoir. Les associations de pêche préconisent alors de couper le bas de ligne ou la chaînette (dans le cas d’un brochet par exemple) sans chercher à récupérer l’hameçon.

  • Le fait de couper le fil au ras de la gueule permet d’augmenter les taux de survie de 20%.
  • Le fait d’utiliser un hameçon oxydable donne au poisson plus de chance de l’expulser quand les sucs de l’estomac l’auront rongé.

Remettre à l’eau – le No-Kill

Aidez le poisson à récupérer en le maintenant dans l’eau à l’horizontale, tête face au courant et sans lui imposer de mouvement de va et vient.
Attendre qu’il reparte de lui-même.

YouTube : La remise à l’eau : Devenez un PRO du No-kill – OBVT

Amateurs de pêche : voici des outils et techniques qui augmentent significativement le taux de survie des poissons relâchés

28 conseils pour une bonne pratique du No-kill

Enfin, voici une liste de conseils à suivre afin de pouvoir espérer agir au mieux et de remettre à l’eau nos poissons. A chacun d’y piocher.

Techniques de pêche

  1. Des circle hooks devraient être utilisés puisqu’ils minimiseront les chances d’un ferrage trop profond
  2. Des hameçons sans ardillons sont recommandés parce qu’ils sont plus faciles à retirer et qu’ils réduisent le temps de manipulation du poisson
  3. L’utilisation d’appâts naturels / organiques devrait être découragée parce qu’elle augmente les chances que le poisson avale le leurre trop profondément
  4. On devrait encourager l’emploi de leurres artificiels
  5. Les lignes à pêche ne devrait jamais être laissées sans surveillance puisqu’elles augmentent les chances d’un ferrage blessant le poisson
  6. La ligne utilisée devrait être appropriée à l’espèce recherchée. Cela réduit les risques de ligne qui se brise et cela réduit la durée du combat
  7. Si vous désirez faire de la remise à l’eau, évitez les températures extrêmes.

Capture du poisson

  1. Le poisson ayant été ferré devrait être récupéré le plus rapidement possible afin d’éviter son épuisement
  2. Une fois près du pêcheur, le poisson devrait être immobilisé à la main autant que possible
  3. Lorsqu’un filet est nécessaire, on devrait en utiliser un sans nœuds ou encore de caoutchouc
  4. Lorsqu’on veut immobiliser de grands poissons comme le maskinongé, on devrait considérer l’utilisation d’une civière

Manipuler et photographier un poisson

  1. Garder le poisson dans l’eau le plus possible et éviter l’exposition à l’air
  2. Ne jamais mettre les doigts dans les branchies ou dans les yeux
  3. Ne pas tenir de très gros poissons seulement par la mâchoire pour ne pas endommager les vertèbres ou la gueule
  4. Tenir les gros poissons à l’horizontale en en supportant le ventre pour éviter les dommages aux organes internes
  5. Se mouiller les mains avant la manipulation ou utiliser des gants de tissu mouillés
  6. S’assurer que la caméra est prête avant la manipulation du poisson pour minimiser l’exposition à l’air
  7. Si possible, prendre la photo du poisson alors qu’il demeure dans l’eau

Décrocher le poisson

  1. Avoir des pinces à bout fin (« longnose ») disponibles et accessibles pour retirer les hameçons
  2. Retirer les hameçons rapidement en gardant le poisson dans l’eau
  3. Si l’hameçon est trop profondément avalé par le poisson, couper la ligne et laisser aller le poisson sans lui imposer plus de stress
  4. Éviter d’utiliser des hameçons inoxydables

Dépressurisation

  1. Éviter de pêcher en grande profondeur (5-6 m) si vous prévoyez faire de la remise à l’eau
  2. Prendre en considération la profondeur de la capture avant de remettre un poisson à l’eau
  3. Gracier le poisson le plus tôt possible une fois qu’il est près du pêcheur
  4. Éviter le dégonflement artificiel de la vessie natatoire (fizzing)

Phase de récupération

  1. S’il y a du courant, tenir le poisson droit avec la tête face au courant
  2. Lorsque le poisson s’agite, le laisser partir de lui-même

Glossaire

  • Engamer – avaler l’hameçon avec l’appât pour un poisson.
  • Graciation – acte consistant à relâcher vivants les poissons pêchés.

En conclusion

Il apparaît finalement que le No-Kill n’est pas sans risque pour le poisson.
Néanmoins, en respectant quelques gestes simples, nous aurons plus de chance de respecter et de perpétuer la nature. Le « prendre et relâcher » est une technique de pêche sportive où la fonction alimentaire n’existe plus. Qu’en pensez-vous? Quels sont les gestes que vous pratiquez ? Laissez un commentaire.

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Article publié initialement en 2006.
Il constitue un outil de documentation pour la pêche de loisirs et n’engage pas la responsabilité du site.

Temps estimé de lecture : 15 minutes

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