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Les lancers légers

Il s’agit ici de la description des différents lancers légers pouvant être effectués à partir d’une canne pour la pêche au leurre, légère de 10 à 50 grammes et tenue à partir d’un seul bras.

Décrire un geste de lancer le plus précisément possible n’est pas un exercice aisé. Pourtant, en 1945 et dans son ouvrage Technique du lancer léger, M. Louis Carrère écrivit un paragraphe sur le sujet avec brio et précisions, toujours d’actualité.

Les matériaux étaient alors différents: à « gut » correspond au fil de pêche utilisé à l’époque (fait de crin de Florence ou de cheval), les moulinets [voir note 1] à tambour fixe possédaient soit un pick-up à anse de panier, soit un ramassage au doigt. Le dernier moulinet avec les deux versions devait être le Crack 300 [voir note 3] dans la fin des années 60.
Toute une aventure. Avec le temps, d’autres méthodes de lancer se sont développées venant ainsi compléter cet existant.

Le lancer vertical

Mon avis:  (1/3) – Demande beaucoup de précision, il n’est pas rare de lancer trop fort et sur l’autre berge de l’étang!
C’est un peu l’équivalent du lancer par dessus la tête, tout en souplesse par le tirer-pousser des bras et pour les cannes tenues des deux mains.

Le leurre est placé entre 15 et 25 centimètres de l’anneau de pointe. Le lancer commencera à la position 1 pour se terminer en 5. Au passage à la position 3, le doigt libère le fil. Le leurre suit la trajectoire AMNB (Fig. 100).

Fig. 100 - Le lancer vertical
Fig. 100 – Le lancer vertical

Remarquez que pendant toute la durée du lancer, la canne, le leurre et le gut restent dans un même plan vertical passant par le but B. C’est ce qui explique la très grande précision en direction du lancer vertical.
Pour tenir compte de l’action de la pesanteur sur le leurre, il faut libérer celui-ci lors de son passage en M, un peu avant d’atteindre le point T, point de contact de la courbe décrite par la pointe du scion avec sa tangente issue de B. Les meilleurs lancers seront obtenus en continuant d`accompagner le vol du leurre en abaissant la canne en 4 ou 5. Le fil de pêche sera d’autant moins freiné que cet accompagnement sera effectué avec plus de soin. En maintenant la canne près de la verticale, le gut formerait un angle de près de 60°, une cassure, qui le retiendrait et pourrait produire au passage des spires, des vibrations latérales suffisantes pour être cause d’une déviation du leurre.

Le balancé sous la main

Mon avis: ☆☆☆ (3/3) – Avec un autre type de canne, voici un balancé bien pratique pour la pêche de la carpe dans les petits étangs.

Comme pour le lancer vertical, le pêcheur se place face au but (Fig. 101). La canne, le leurre et le but sont dans un même plan vertical. Le mouvement est un triple balancement :
1° temps : balancement vers l’avant(1)
2° temps : balancement vers l’arrière(2)
3° temps : nouveau balancement vers l’avant, beaucoup plus vif que le premier, l’index libérant le gut au passage en T.
Le départ s’effectue tangentiellement à la courbe décrite par le leurre, dont la force de projection sera obtenue à l’aide des 80 ou 90 centimètres de gut que l’on aura laissé pendre entre ce leurre et la pointe de la canne.

Fig. 101 - Le balancé sous la main
Fig. 101 – Le balancé sous la main

Ce lancer est aussi précis que le vertical, mais il n’est pas comme lui un lancer permettant de longs jets. Cependant, avec un peu d’habitude, on arrive à des distances supérieures à vingt mètres. Le lancer balancé est indispensable pour pêcher du bord, surtout entre les branches, alors que tout autre lancer serait impossible ou pourrait être cause de la fêlure sinon de la rupture de la canne.

Le balancé normal

Mon avis: ☆☆ (2/3) – Reste un grand classique

Le geste de ce lancer, schématisé sur les croquis de la fig. 102, rappelle celui du « drive » au tennis.

Fig.102 - Le balancé normal
Fig.102 – Le balancé normal

Il est représente sur la fig. 103. La longueur du gut à laisser entre la pointe du scion et le leurre est très variable et peut aller de 0 à 90 centimètres et même davantage. Sur la fig. 103 on retrouvera diverses positions successives de l’extrémité du scion (1-2-3-4) et les positions correspondantes du leurre (L1-LY-L3-L4).
Le mouvement légèrement plongeant au départ à pour but d’amener les deux trajectoires à se raccorder en 4. L’index libère le gut à la position 4, tandis que la canne continue d’accompagner « le vol » du leurre jusqu’à la position 5 de la fig. 104. La distance de lancer est fonction de l’inclinaison de la tangente au départ t, de la vigueur de l’impulsion, et de la qualité de la canne.
Remarquer que le pêcheur ne fait pas face au but; (celui-ci doit, au contraire, se trouver nettement à sa gauche) (Fig. 103); que le lancer s’effectue le coude près de la hanche. Dans tous les cas, seuls l’avant-bras et le poignet travaillent. Parfois, le poignet travaillera seul.

Fif.103 - Le balancé normal
Fif.103 – Le balancé normal

Sur la fig. 104 le pêcheur, vu de dessus, est placé en P. Les positions successives de l’avant-bras sont marquées de 1 à 5. En réalité, le travail du poignet sera effectué entre les deux temps, 1-2 et 4-5, soit au début et à la fin du lancer.

Fig.104 - Le balancé normal
Fig.104 – Le balancé normal

Le revers

Mon avis: ☆☆☆ (3/3) – Indispensable pour pêcher sur la droite et sur de belles distances en étang.

Ce lancer est semblable au revers du joueur de tennis. Le mouvement est exactement le même que pour le lancer normal, la symétrie est complète.
Le but doit être à droite du pêcheur, la canne et le leurre à sa gauche, l’avant-bras croisé devant la ceinture au moment du début du lancer (Fig. 105). Ce lancer
est le seul pratique pour pêcher la rive gauche d’une rivière en remontant le courant.
J’engage donc les pêcheurs au lancer à le travailler avec enthousiasme. Cette rive étant, en général, bien moins pêchée que l’autre, en raison même des difficultés de lancer, on a grand intérêt à la pêcher de préférence a l’autre.

Fig.105 - Le revers
Fig.105 – Le revers

Toutes les façons de lancer sont apparentées à celles que nous avons décrites. En pratique on fait des balancés de revers et des lancers verticaux légèrement inclinés à droite ou à gauche, de ces lancers que nous appellerions verticaux de revers, si cette appellation n’était pas un non-sens. On fait ces divers lancers tout comme M. Jourdain [voir note 2] faisait de la prose : sans le savoir.

Le débutant ne devra donc pas être effrayé par les quelques explications théoriques qui précèdent. Au bout de quelques séances de pêche, s’il n’est pas trop maladroit, il fera des lancers acrobatiques. Il les réussira parfois en série, mais il est douteux que, sans un entraînement sérieux, j`entends par là « en pêchant beaucoup ››, il arrive à placer à tous coups son leurre à l’endroit désiré.

CARRERE Louis‎
‎Technique du lancer léger‎

‎1945, G.M.S, in-8 broché de 223 pages, couverture grise, titrage noir, Technique du lancer léger, deuxième édition, préface de S. MASSE, avec au sommaire: poissons de sport et moulinets à lancer, les cannes, les leurres, le lancer, la pêche‎.

www.livre-rare-book.com – ‎CARRERE Louis

Notes

[1] – Comment fonctionne le moulinet

Votre moulinet étant garni de fil de pêche, vous l’avez monté sur la poignée de la canne. Le fil est passé dans les anneaux et un poids de 5 grammes, par exemple, a été fixé à son extrémité.
Prenez la canne comme sur la fig. 99.
L’index tient le gut, tandis que vous ouvrez le pick-up du moulinet avec la main gauche. Le pick-up est l’aiguille sous laquelle s’engage le fil pour être bobiné.
Pour lancer, vous devez donc dégager le fil de son logement sous l’aiguille.
Lancez dans une direction déterminée, lâchez le gut et vous verrez avec quelle facilité on arrive à se servir des moulinets à tambour fixe.

Fig.99 - pick-up dits à ramassage au doigt
Fig.99 – pick-up dits à ramassage au doigt

Avec les pick-up dits « à ramassage au doigt« , l’opération est aussi simple. On dégage le fil du crochet avec l’index. On lance. On arrête ensuite le fil avec l’index que l’on ramène vers la poignée de la canne. En récupérant au moulinet, le fil est automatiquement repris sous le crochet de bobinage.
Il suffit d’une heure de pêche pour s’habituer définitivement à ce genre d’exercice.
L’apprentissage vaut le peu de mal qu’il donne, car le meilleur de tous les pick-up est le ramassage au doigt.

[2] – Molière, Le Bourgeois gentilhomme

[3] – Crack 300

Moulinet Crack300 - image jeanpaulcharles.wordpress.com
Moulinet Crack300 – image jeanpaulcharles.wordpress.com

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Article mis à jour en 2022, publié initialement en 2018
Il constitue un outil de documentation pour la pêche de loisirs et n’engage pas la responsabilité du site.

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