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La bulle d’eau de celullo

La bulle d’eau a été inventé par Jean Grizaud et le brevet BULDO® fut déposé au cours de l’année 1945, juste après la seconde guerre mondiale. Depuis cette époque, la bulle d’eau complète le matériel de pêche du pêcheur de truite et de mer.

Une petite bulle d ‘eau est parfois utilisée pour la pêche des rotengles en étang. Pour le pêcheur averti la bulle d’eau est synonyme de buldo.
Le texte suivant a été écrit un an après le dépôt du brevet.

Une pêche à la mode – La bulle de celullo

1940-1949 Parmi les nombreuses utilisations du moulinet à tambour fixe, il en est une qui est en train de révolutionner la pêche à la mouche et connaît, de ce fait, un succès bien compréhensible : c’est la pêche avec la bulle de celluloïd.

Je sais très bien, car je suis de ceux-là, que les anciens pêcheurs à la mouche sèche et même noyée n’abandonneront pas aisément les beaux lancers avec leur canne légère en bambou refendu, mais je reconnais que la nouvelle méthode ouvre des horizons plus vastes et permet d’explorer une plus grande étendue d’eau.
Snobisme — ou sélection plutôt — mis à part, la pêche à la bulle va rallier nombre de profanes.

En outre, la canne employée pour le lancer servira pour notre nouvelle méthode, d’où encombrement limité à une seule canne, ce qui est à considérer dans les déplacements.

En quoi consiste donc cette nouvelle pêche ? Disons, d’abord, qu’elle est d’une extrême simplicité pour tout pêcheur sachant se servir du moulinet à tambour fixe, c’est-à-dire par tout gamin qui l’a quelques minutes à sa disposition.

À l’extrémité d’un bas de ligne de trois ou quatre mouches séparées par un intervalle de 30 à 40 centimètres, vous adaptez, à la place de la mouche de pointe, une bulle de celluloïd que vous trouverez partout dans le commerce. Elle est pourvue d’une petite fenêtre s’ouvrant et se refermant — plus ou moins bien parfois — pour permettre de la remplir d’eau et même de grains de plomb, jusqu’à ce qu’elle ait atteint un poids suffisant pour la lancer avec facilité.

La ligne ainsi montée, il faudra projeter le tout le plus au large possible, mais la longueur du bas de ligne, souvent supérieure à celle de la canne, va nous obliger à adopter un lancer bien particulier.
Tenant la canne haute, vous balancez la bulle comme pour un lancer « sous la main », avec cette différence que l’oscillation sera prolongée en arrière, au lieu de s’arrêter devant vous.

La bulle arrivée à la fin de cette oscillation arrière, vous rabattez la canne en avant d’un coup sec, en visant haut, et le poids s’envolera d’autant plus au large que la trajectoire sera plus courbe.

Les mouches placées sur le bas de ligne ne risquent pas de s’emmêler, le poids étant en pointe et le bas de ligne bien tendu. Et vous laissez dériver le tout, en moulinant très lentement ou même en ne moulinant pas ; bulle et mouches vont décrire un vaste arc de cercle dont vous serez le centre.
C’est absolument l’ancienne pêche à la mouche noyée en descendant le courant, mais à 30 ou 40 mètres du bord, ce qui est un gros avantage dans les grandes rivières.

Si vous n’avez rien senti, lorsque bulle et mouches arriveront vers votre rive, vous ramènerez très lentement, le long du bord, pour récupérer la ligne déployée. Mais alors la bulle, de par sa forme sphérique, offre une résistance à la récupération et progresse en sautillant, ou tout au moins en traçant un large sillage qui va effrayer toutes les truites de votre bord.

Il serait souhaitable que le constructeur de ces bulles adoptât un autre profil plus hydrodynamique et, de ce fait, plus rationnel. Je serais heureux d’entrer en relations avec un fabricant qui voudrait s’inspirer de mes conceptions à ce sujet.

Les pêcheurs de la campagne n’ont que faire des bulles et utilisent un bouchon plombé, qui donne le même résultat ; il est cependant plus voyant, car le seul avantage de la bulle est son invisibilité. J’ai remarqué que le poisson se souciait peu, d’ailleurs, de la substitution.

Dans une revue halieutique, j’avais décrit, il y a quelques années, ledit procédé, alors que la bulle était encore en gestation dans le cerveau de l’inventeur, et, dernièrement, j’ai vu des professionnels se servir du bouchon plombé. Un morceau de bois quelconque peut, à la rigueur, fort bien convenir, si on est pris au dépourvu, un jour que les moucheronnages sont hors de portée de la canne ordinaire.

Suivant le chargement de la bulle ou du liège, vous pourrez pêcher en surface ou entre deux eaux. La pêche avec trois ou quatre mouches paraffinées, donc flottantes, sur un bas de ligne très fin, vous procurera de belles émotions. Tous les poissons de surface se prennent à cette pêche : truites, ombles, vandoises, chevesnes ont à cœur de montrer que la nouvelle méthode a du bon.

La grande canne à deux mains rend le jet plus aisé et permet un plus long bas de ligne, donc un plus grand nombre de mouches.

Je regrette de traiter cet intéressant sujet aussi succinctement, mais la place m’est limitée ; souhaitons cependant que ces quelques lignes soient suffisamment explicites pour vous inciter à essayer la pêche à la bulle.

Marcel LAPOURRÉ, Délégué du Fishing-Club de France.
Le Chasseur Français N°609 Août 1946 Page 238

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Article publié initialement en 2017.
Il constitue un outil de documentation pour la pêche de loisirs et n’engage pas la responsabilité du site.

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