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Les écrevisses d’eau douce en France

Les écrevisses d’eau douce sont des crustacés décapodes qui ressemblent à de petits homards. Elles vivent principalement dans les rivières, les canaux et les plans d’eau douce.

Il existe environ 600 espèces d’écrevisses dans le monde, dont neuf sont présentes en France. Parmi ces neuf espèces, trois sont autochtones, c’est-à-dire qu’elles se trouvent à l’intérieur de leur aire de répartition naturelle, et six ont été introduites volontairement ou non par l’homme.

Les écrevisses d’eau douce autochtones

Les écrevisses d’eau douce autochtones jouent un rôle crucial dans l’équilibre écologique de nos rivières et lacs. Ces crustacés contribuent à la santé des écosystèmes aquatiques en participant activement à la décomposition des matières organiques, ce qui favorise la clarté de l’eau et la prolifération d’une flore aquatique diversifiée. De plus, elles constituent une source alimentaire importante pour de nombreuses espèces de poissons et d’oiseaux. Il est donc essentiel de protéger les habitats naturels de ces écrevisses pour préserver la biodiversité et le bon fonctionnement des milieux aquatiques.

En France, il existe trois ou quatre espèces d’écrevisses autochtones ou natives :

  • l’écrevisse à pieds blancs, Austropotamobius pallipes (Lereboullet, 1858) ;
  • l’écrevisse à pattes rouges, Astacus astacus (Linnaeus, 1758) ;
  • l’écrevisse des torrents ou écrevisse des pierres, Austropotamobius torrentium (Schrank, 1803).
  • l’écrevisse à pattes grêles (Astacus leptodactylus), dont on ne connait pas à ce jour et avec exactitude, son caractère indigène.

Menacées de disparition, elles sont protégées par la loi depuis 1983. Les raisons de leur disparition progressive ont pour origine la propagation de la peste de l’écrevisse, une maladie causée par un champignon qui affecte surtout l’écrevisse à pattes blanches; la dégradation des milieux naturels et la pollution de l’eau; la concurrence et la prédation des écrevisses allochtones qui sont plus résistantes et plus adaptées aux conditions environnementales.

Les écrevisses d’eau douce introduites

Elles ont été introduites en France à partir du XIXe siècle pour des raisons économiques, gastronomiques ou scientifiques. Certaines de ces espèces sont considérées comme invasives, car elles colonisent rapidement les milieux aquatiques et nuisent à la biodiversité. Elles sont soumises à une réglementation spécifique qui vise à limiter leur dispersion et leur impact. Les écrevisses allochtones sont :

  • l’écrevisse américaine (Faxonius limosus, anciennement Orconectes limosus ou encore Cambarus affinis),
  • l’écrevisse de Californie (Pacifastacus leniusculus),
  • l’écrevisse marbrée (Procambarus fallax f. virginalis),
  • l’écrevisse rouge de Louisiane (Procambarus clarkii),
  • l’écrevisse signal (Pacifastacus signatus),
  • l’écrevisse turque (Astacus leptodactylus eschscholtzii).

Répartition en France

Pour connaître la répartition et l’évolution des populations d’écrevisses d’eau douce en France, des enquêtes nationales sont menées depuis 1977 par les services de l’État et les associations de pêche. La dernière enquête date de 2014 et a permis de dresser un état des lieux des espèces présentes sur le territoire. Les résultats montrent que les écrevisses autochtones sont en forte régression, tandis que les écrevisses allochtones sont en expansion.

Les écrevisses américaine et de Californie sont les plus répandues, suivies par l’écrevisse rouge de Louisiane et l’écrevisse signal. L’écrevisse marbrée est la plus récente et la plus invasive, car elle se reproduit sans fécondation.

La pêche de loisirs des écrevisses

Afin de limiter la prolifération des écrevisses invasives qui provoque des déséquilibres sur la biodiversité, la pêche des écrevisses exotiques est fortement conseillée par les fédérations de pêche. La pêche des écrevisses à pattes blanches est interdite mais celle des écrevisses à pattes rouges et à pattes grêles est parfois ouverte quelques jours en période estivale. Leur taille légale de capture est fixé à 9cm. 
Il n’y a pas de taille légale de capture ni de quotas pour les écrevisses exotiques et leur pêche est ouverte toute l’année. Attention, les règlementations diffèrent selon selon les régions.

Pour les capturer, on utilise une balance (les-ecrevisses.pagesperso-orange.fr). L’amorçage consiste à attirer sur le point de pêche un maximum de crustacés à l’aide d’aliments carnés (viande, poissons morts, abats, nourriture pour chats et chiens par exemple). On relève la balance au bout de quelques minutes pour remonter les écrevisses. 

Une balance à écrevisse
Une balance à écrevisse

Autrefois, l’écrevisse de petite taille était utilisée comme esche. Elle était piquée à travers le thorax ou vers la queue, l’hameçon se trouve positionné au milieu du crustacé. La législation actuelle interdit l’emploi d’écrevisse vivantes ou mortes, tout ou partie, dans le domaine public.

/ La pêche de l'écrevisse à la balance, c'est génial!!!!

YouTube – La pêche de l’écrevisse à la balance, c’est génial – Fédération de pêche du Lot.
Technique à la fois drôle et efficace, la pêche de l’écrevisse à la balance est accessible à tout le monde avec une simple carte de pêche. Romain vous présente rapidement cette technique qui sent bon les vacances d’été!

Annexe 1 – L’écrevisse à pattes blanches

L’écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes) est une espèce de crustacés d’eau douce qui vit en Europe de l’Ouest. Elle se caractérise par ses deux paires d’épines latérales sur le sommet de son rostre et ses pattes claires. C’est une espèce patrimoniale et bioindicatrice, qui témoigne d’une bonne qualité environnementale.

Cette espèce est en danger d’extinction à cause de la pollution, du braconnage, de la perte d’habitat et de la concurrence des espèces exotiques introduites. Elle mesure entre 9 et 12 cm et peut vivre jusqu’à 12 ans. Elle se reproduit à partir de 2 ou 3 ans et pond des œufs qui restent accrochés sous son abdomen pendant plusieurs mois.

Austropotamobius pallipes - David Gerke, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons
L’écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes) – David Gerke, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

Annexe 2 – L’écrevisse de Californie

L’écrevisse signal ou écrevisse de Californie (Pacifastacus leniusculus) est une espèce de crustacé d’eau douce originaire du nord-ouest de l’Amérique du Nord. Elle a été introduite dans plusieurs pays, dont la France, où elle représente une menace pour l’écrevisse à pattes blanches, une espèce autochtone.

L’écrevisse signal se caractérise par une tache blanche ou bleutée à la base des pinces, qui sont volumineuses et rouge vif à l’intérieur. Elle peut atteindre 23 cm de longueur et pondre jusqu’à 300 œufs par an. Elle est très tolérante aux variations de température et de qualité de l’eau, et se nourrit principalement de poissons.

C’est une espèce classée indésirable en France, car elle peut créer un déséquilibre biologique dans les milieux aquatiques.

Pacifastacus leniusculus - David Perez, CC BY 3.0, via Wikimedia Commons
L’écrevisse signal (Pacifastacus leniusculus) – David Perez, CC BY 3.0, via Wikimedia Commons

Annexe 3 – L’écrevisse américaine, déjà en 1948

Cette publication de 1948 dans le Chasseur Français retrace les tentatives et succès de l’introduction du Cambarus en Europe et en France, avec des détails sur son expansion et son impact sur l’environnement aquatique, comme on le percevait à l’époque !.
A noter que l’espèce Cambarus affinis, maintenant décrite sous le taxon Orconectes limosus est une espèce d’écrevisse invasive en Europe 1.

1940-49

«Enfin une heureuse acquisition pour nos eaux douces : celle de l’écrevisse américaine, ou Cambarus affinis.
Ce crustacé vient à temps pour remplacer nos deux écrevisses françaises, très raréfiées depuis les épidémies de peste qui ont sévi à la fin du siècle dernier et au début du siècle actuel. Dans nos cours d’eau de plateaux ou de montagne, l’espèce indigène est l’écrevisse à pieds blancs, de petite taille (8 à 10 centimètres adulte), dont les pinces ont une couleur blanchâtre, et l’ensemble du corps une couleur brun verdâtre.

Dans nos cours d’eau de plaine, à eaux profondes et relativement chaudes et tranquilles, se trouve encore la grosse écrevisse, ou écrevisse à pieds rouges, qui arrive jusqu’à 15 ou 16 centimètres ; ses pinces sont rougeâtres, son corps est brun.
Cette dernière espèce était très abondante dans la Seine. Rabelais nous montre Gargantua et son précepteur Ponocrates allant à la pêche aux écrevisses sur la Seine, au pont de Charenton ou à Saint-Cloud. Elles ont disparu et nous en retrouvons quelques spécimens dans quelques étangs de la banlieue parisienne.

Nous verrons dans une prochaine chronique la biologie de ces écrevisses et comment elles furent décimées par la « peste ». Le Cambarus affinis, ou écrevisse américaine, est, pour un profane, semblable à nos écrevisses. Je n’insisterai pas sur les caractères anatomiques qui permettent de distinguer les genres Astacus (écrevisses françaises) et Cambarus (écrevisses américaines), ce qui me forcerait à parler des particularités des pléopodes et protopodites et autres noms barbares qui, outre l’orifice sexuel de la femelle, permettent de les distinguer.

À vue d’œil, pour le profane, le Cambarus est une écrevisse à corps brun et taches rougeâtres sur les flancs, avec des pinces minces, alors que, nous l’avons vu, l’écrevisse à pieds rouges a les pattes rouges et le corps brun, et l’écrevisse à pieds blancs a les pattes blanches et le corps verdâtre.
L’intérêt du Cambarus est qu’il vit dans les eaux chaudes, même très polluées par les matières organiques. C’est ainsi qu’il pullule depuis quelques années dans la Seine, à Paris, et se tient avec prédilection près des bouches d’égouts. C’est un grand nettoyeur de la rivière.

C’est en 1890 que les Allemands ont songé à l’importer chez eux pour repeupler leurs eaux ravagées par la peste. Ils allèrent en chercher une centaine de sujets dans l’Est des États-Unis. L’essai réussit au delà de toute espérance. Le Cambarus s’est installé dans les rivières et lacs de Brandebourg et de la Prusse, a poussé des pointes en Pologne et pullule à Berlin.
Cinq années plus tard, c’est Raveret Watel qui essaie de l’introduire dans sa pisciculture du Nid de Verdin, près de Fécamp. Ce fut un échec, et l’on n’entendit plus parler en France du Cambarus pendant vingt ans.

En 1913, un Allemand importe 2.000 Cambarus d’Allemagne et les met dans le Cher, à Saint-Florent.
On n’en entendit plus parler jusqu’en 1924. C’est alors que le professeur Léger, de l’Université de Grenoble, bien connu pour ses travaux en matière de pisciculture, les retrouva et fit, le 24 novembre 1924, un compte rendu à l’Académie des sciences sur la présence du Cambarus dans la rivière le Cher, près de Vierzon.
Du Cher, le Cambarus a gagné naturellement, par les rivières et les canaux, les bassins de la Loire, le bassin de la Seine et le bassin du Rhône.

  • En 1930, il apparaît dans la Marne, près de Paris. En 1934, il pullule dans la Seine et dévale dans toute la Seine-et-Oise.
  • En 1935, il envahit les lacs du Bois de Vincennes.
  • En 1945, on le signale en grande abondance dans la Saône.
  • En 1948, il est trouvé dans la Charente, à Dompierre, en Charente-Inférieure.

Y a-t-il avantage à favoriser son extension ? Incontestablement oui. C’est un excellent crustacé, de goût semblable à nos écrevisses, et peut-être même plus charnu. Il rougit à la cuisson. Il prolifère abondamment et ne semble pas sujet à la peste.

Il se nourrit de matières organiques en décomposition et contribue à l’assainissement du fond des rivières. Il est recommandé dans les zones urbaines polluées par les égouts. Il se nourrit de vers, de débris de végétaux, de plantes aquatiques. C’est un omnivore. Il n’attaque certainement pas les poissons et les alevins, sauf évidemment les poissons malades et leurs cadavres, ce qui en fait un excellent agent de nettoiement. Mange-t-il le frai ? Ce n’est pas prouvé. On n’a pas entendu dire que, depuis vingt ans qu’il est en France, il ait fait des dégâts.

Notons que l’administration des Eaux et Forêts en a, cette année, envoyé plusieurs caisses, par avion, au Maroc, où ils sont bien arrivés et où on espère leur acclimatation. Le transport du Cambarus est très facile. On le met dans des caisses comportant deux ou trois étages de clayettes, avec de la paille de bois sèche, et il supporte deux à trois jours de transport par temps frais.
Quant à sa capture, on le pêche, tout comme l’écrevisse ordinaire, à la balance. Les pêcheurs parisiens s’en donnent à cœur joie pendant l’été.»
DE LAPRADE. – Le Chasseur Français N°622 Octobre 1948 Page 211

Pour résumer

Les écrevisses d’eau douce en France sont donc des animaux fascinants, mais aussi fragiles et menacés. Il est important de les protéger et de les gérer de manière durable, en respectant la réglementation en vigueur et en adoptant des bonnes pratiques. Les écrevisses d’eau douce font partie du patrimoine naturel français, et il serait dommage de les perdre.

A retenir : L’écrevisse américaine est une espèce invasive et non autochtone, c’est pourquoi il est autoriser de la prélever. Elle colonise principalement les grandes rivières et les étangs et met en danger les espèces locales.

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Notes

  1. Arrêté du 14 février 2018 relatif à la prévention de l’introduction et de la propagation des espèces animales exotiques envahissantes sur le territoire métropolitain ↩︎

Article mis à jour en avril 2024, publié initialement en 2021.
Il article constitue un outil de documentation pour la pêche de loisirs et n’engage pas la responsabilité du site.

Temps estimé de lecture : 12 minutes

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