De l’Atlantique à la Mer du Nord, la morue commune se rencontre dans les eaux froides entre 0 à 15 ° C, elle est absente de la Méditerranée. Elle vit près des fonds marins et prend parfois domicile dans les épaves jusque 600 mètres de fond.
Gadus morhua (Linné, 1758)
Famille des Gadidés
Autres noms: morue commune, cabillaud.
Zone géographique : Atlantique-Nord, Manche, Mer du Nord
Statut de conservation: vulnérable (VU)
(1) Les dénominations doguette à Dunkerque, moruette font référence à de jeunes poissons d’environ 3kg, le nom de cabillaud est réservé aux individus adultes.
Table des matières
La morue, un poisson migrateur
Ces poissons tendent à vivre en groupes sur les fonds sablonneux ou rocailleux de la Mer du Nord. Tout au nord de l’Ecosse, les bancs de morues ne migrent pas. En hiver et dans les autres zones, elles descendent vers le sud de leur région. En été, elles migrent vers le nord.
Il y encore quelques années, la morue était très répandue au large des côtes françaises de Dunkerque à Brest.

Description simplifiée de la morue
Son corps, s’il peut varier d’une région à l’autre, est généralement d’une couleur gris vert moucheté de brun sur les flancs et le dos. La ligne latérale est blanche, courbée et bien marquée.
Ce poisson présente 3 nageoires dorsales et de 2 anales. La morue est pourvue d’une large bouche avec un barbillon sur le menton.
Sa large gueule lui permet d’avaler de grandes quantités de nourritures : poissons, crustacés, herbes mais aussi les objets qui trainent sur le fond.
La période de frai dure d’avril à juin selon la région. La taille biologique, celle de la reproduction, s’étend de 45 à 60 cm de longueur. Les mâle ont alors entre 5 et 8 ans et les femelles environ six ans.

Des spécimens de plus de 30kg
Les spécimens moyens pèsent de 2 à 3 kg et mesurent de 60 à 70 cm. La morue n’excède habituellement pas 30 kg, bien qu’on ait pris un spécimen pesant environ 96 kg et mesurant plus de 180 cm.
Des pêches intensives
Cette espèce de poisson subit des pêche intensives depuis bien des années, sans doute la cause de leur déclin.
La saison pêche dure environ 4 mois. Elle débute en octobre ou novembre selon que l’on se situe sur les côtes du nord de la Bretagne ou du côté de Calais. Elle se termine en février.
Les pêcheurs professionnels remontent alors en Mer du Nord vers les côtes Est de l’Angleterre où la saison peut se prolonger jusqu’en juillet, au large de l’Écosse jusqu’en août et au large plus à l’ouest où l’on prend de la morue toute l’année.
Pêche de loisirs de la morue
En provenance des eaux profondes d’Islande, les morues descendent chaque année vers les côtes françaises (de Dunkerque à Brest) où elles viennent se nourrir. La saison dure environ 4 mois et débute aux alentours de Novembre à Dunkerque.
Jadis, on pouvait pêcher la morue au lancer des côtes, comme à Boulogne, sans quitter la grève. On prétendait que la couleur blanche était un véritable aimant et il était d’usage de fixer des cuillers blanches aux lignes.
Les estacades ou encore les jetées permettaient d’avoir accès à une eau plus profonde mais cet état de choses a bien changé (réglementations portuaires et raréfaction de la morue).
Néanmoins, ce poisson peut offrir une pêche sportive selon la taille.
- Au surfcasting on utilisera une ligne en nylon en 50/100 avec un hameçon n°2/0.
- Pour les techniques à soutenir, on optera pour une ligne en nylon en 60/100 avec un hameçon n°3/0.
- Pour la traîne, cherchez des fonds de vase ou de sable car il faut pêcher le plus possible au fond. Dans tous les cas, l’utilisation d’appâts naturels est la meilleure (poissons, mollusques…).
Annexe – La morue un article de P. Lartigue
Pour illustrer ce billet, voici un article datant de 1952 de Pierre Lartigue dont les textes chantent le siècle dernier.

– Musée La Pêcherie à Fécamp
C’est un poisson de belle forme, trapu vers la partie antérieure et plus mince vers la queue, couvert de petites écailles, gris vert sur le dos avec de larges taches jaune brun, et plus clair sur le ventre.
C’est le poisson qui, dans le monde, a la plus grande valeur économique. La morue est consommée partout, et l’on connaît les droits sur lesquels chaque nation maritime veille jalousement sur les bancs de pêche nordiques. Très vorace, atteignant plus d’un mètre et 7 à 8 kilogrammes, la morue vit par bancs immenses dans les couches froides. C’est un poisson sténotherme, c’est-à-dire exigeant une température constante. C’est là une particularité bien connue qui permet la pêche «au thermomètre». Autrefois, la pêche à la ligne eschée de gros coquillages donnait des résultats très variables, parfois très fructueux, parfois nuls; les pêcheurs pouvaient rester de longs jours sans trouver de bancs de poissons. On sait aujourd’hui pourquoi. Il suffit de plonger un thermomètre à renversement jusqu’à ce qu’on trouve la nappe d’eau à une température de 4 à 6°: c’est dans cette couche d’eau que circulent les bancs de morue. C’est là que la morue trouve sa nourriture et qu’elle fraie.
En général, la morue se trouve dans des couches plus profondes et plus froides, mais, au moment du frai, c’est-à-dire, sur les côtes américaines, de septembre à mars, elle remonte et reste assez longtemps dans les couches de 4 à 6° où on la pêche. C’est donc à la profondeur de cette couche qu’on la cherchera à la ligne ou au chalut avec le maximum de chances. Après la fraie, c’est-à-dire après mars et jusqu’en mai, elle reste encore souvent dans ces eaux à 6°, tant qu’elle y trouve sa nourriture, puis redescend l’été dans les profondeurs froides. Dans nos eaux, la ponte a lieu plus tardivement et s’échelonne de fin décembre à mai. C’est le moment où les bancs s’approchent de nos côtes de la Manche. Les poissons se serrent sur plusieurs rangs, les femelles le plus souvent en dessous des mâles; les femelles lâchent leurs œufs, très petits, dans une eau où se dilue la laitance des mâles. La fécondation se produit à une profondeur de 50 à 100 mètres, toujours à la température fatidique de 4° à 6°. La morue est très prolifique, chaque femelle étant capable de produire plusieurs millions d’œufs. Ces œufs sont flottants et libres et se tiennent entre deux eaux. Ce sont de petites têtes d’épingles de 1mm,5 de diamètre, qui s’enfoncent lentement dans l’eau jusqu’à ce qu’ils aient trouvé la couche à la température voulue et à la salinité, c’est-à-dire à la densité, égale à la sienne. Particularité remarquable, l’œuf de morue n’a pas les petites gouttelettes d’huile qui existent dans la plupart des œufs flottants de poissons et qui diminuent leur densité par rapport à l’eau. La durée de l’éclosion est de quinze jours à 6°.
L’alevin éclos a 4 millimètres de long et grandit en quelques jours jusqu’à un centimètre. À six mois, il ne mesure que 5 à 6 centimètres; à dix-huit mois, 25 à 30 centimètres, et, à deux ans, il pèse un kilogramme. À partir de ce moment, la morue gagne environ un kilogramme par an, et c’est à partir de quatre ans qu’elle peut se reproduire.
La pêche à Terre-Neuve se fait à la ligne, suivant la méthode ancienne. Des doris s’éloignent du bateau avec les lignes eschées de gros coquillages, qu’on trouve avec abondance près du rivage. Les terre-neuvas à voile sont de plus en plus rares: on en voit encore dans les ports bretons et à Bordeaux. La pêche scientifique a pris le dessus et c’est avec d’énormes chaluts draguant entre deux eaux que de grosses quantités de morues sont ramenées à bord pour être immédiatement assommées, étêtées, fendues, vidées, salées, et empilées dans des frigos.

Outre la chair de la morue, que tout le monde connaît, signalons les deux sous-produits qui sont immédiatement récupérés et de grande valeur: d’abord le foie, dont on extrait cette huile riche en vitamines qui fut l’amertume de notre enfance, et ensuite la rogue, c’est-à-dire les ovaires remplis d’œufs et qui sont le meilleur appât pour la pêche à la sardine.

Les turluttes servent de leurre pour la pêche aux encornets. Comme les bulots, ils servent d’appâts pour la morue.
Quant à la pêche à la ligne en France, j’ai déjà dit que c’est dans la Manche que l’on peut l’exercer avec le plus de chances de succès, en bateau ou à terre. En bateau, on peut espérer en prendre avec une grosse canne, un nylon de 100 mètres de long et de 60 à 70/100, avec, à l’extrémité, un plomb de 100 grammes et trois ou quatre clipots portant un hameçon n°1 à 3. L’appât sera la néréide, l’arénicole, le crabe mollet ou un morceau de seiche ou de maquereau.
Du bord, la pêche se fera avec la même ligne et les mêmes appâts, mais au surf-casting, en lançant à une quarantaine de mètres. La défense de la morue n’est d’ailleurs pas très forte, malgré la taille du poisson, mais c’est une belle pièce que le pêcheur parisien qui fréquente l’hiver les jetées de Dieppe et de Boulogne a des chances de capturer.
Pierre LARTIGUE.
Le Chasseur Français N°661 Mars 1952 Page 151
Titre original: Pêche la morue
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Le bas de ligne est constitué d’une empile de 50-70 centimètres suivi d’un traînard de 80 à 100 centimètres fixé près du plomb. Une variante serait d’ajouter une empile haute allongeant d’autant le bas de ligne.
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Article publié initialement en 2004.
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